Pas étonnant qu’en été le nombre des entrées en salle soit au plus bas, quand on examine la programmation des cinémas pendant cette période. Pour preuve, The James gang, petite comédie plus toute fraîche (1997) qui a sans doute pour objectif de profiter de la médiocrité des sorties estivales pour conquérir un public. Mais quel public ? C’est en effet ce que l’on peut se demander aux vues de ce film qui flirte dangereusement avec ce que l’on peut voir de pire comme téléfilms sur nos chaînes hertziennes. Mike Barker semble avoir du mal à se débarrasser de son passé de réalisateur de fictions pour la BBC.

L’histoire est complètement abracadabrante : une mère et ses quatre enfants se retrouvent à la rue et vont alors commettre une série de hold-ups. Un détective est à leur trousse mais va se laisser attendrir par la petite famille et le courage de la mère. De la romance se greffe sur cette course-poursuite en la personne du beau-frère de Julia, dont celle-ci va tomber amoureuse alors même qu’elle est en cavale, et recherchée par toute la police du Royaume-Uni !

Le scénario accumule des incohérences et des facilités que l’on aurait pu pardonner si le film s’était donné une volonté de légèreté par rapport à son propos, une sorte de second degré. Or il n’en est rien car le film a des ambitions : il se veut une évocation des difficultés sociales d’une certaine frange de la population britannique. Cependant, celles-ci sont traitées comme un moyen de construire une histoire et ne sont en aucun cas considérées plus sérieusement. Elles ne servent qu’à excuser la délinquance, pas si grave, de la sympathique famille Gang. Il en est de même pour l’autre grand thème de l’histoire qui est celui de la famille et du sentiment maternel. Le film se prête franchement aux ricanements tant l’irresponsabilité de la mère, que l’on veut présenter comme un modèle, est grave vis à vis de ses enfants. Pendant tout le film elle va les entraîner dans des situations, qui en dehors de la fiction, c’est-à-dire dans la vraie vie, seraient traumatisantes pour eux, comme par exemple de voir sa mère se faire poursuivre et arrêter par des flics. Le summum est atteint avec la catastrophe scénaristique de la fin où l’on croit que le fils aîné meurt, et que le film en rajoute dans le mélo. Au plan suivant, nous découvrons toute la famille au complet débarquant sur l’île de Bara dont ils ont toujours rêvé, et l’on s’aperçoit qu’en fait il n’est pas mort. Jamais un happy end n’a paru aussi lourd dans le genre « on vous a bien eu », et aussi artificiel (la fin se situe vraiment dans le domaine de la quatrième dimension au regard de la plausibilité). Il n’est pas exagéré d’écrire que The James gang explore en profondeur les abîmes de la culture des navets de l’été.