Le slogan publicitaire du TGV, un mini-bus qui propose des allers-retours entre le Sénégal et la Guinée -Dakar et Conakry plus précisément-, est le suivant : « Plus vite que TGV, tu vas exploser ! ». En réalité, aux antipodes de son cousin de la SNCF, ce TGV-là, tout comme le film d’ailleurs, roule plutôt cahin-caha, entre deux arrêts imposés ou non. Ses deux conducteurs, Rambo et Demba, ont prévenu leurs passagers dès le départ : le voyage vers Conakry est risqué, car les Bassaris, peuple à qui l’on a volé un totem pour l’exposer dans un musée, menacent les individus qui s’aventurent près de la frontière guinéenne. L’expédition ne sera donc pas de tout repos, d’autant plus que quelques voyageurs inattendus rejoindront le groupe au fil du périple : un ministre limogé et sa femme, ainsi qu’un couple d’ethnologues français égarés.

TGV aurait pu être un beau road-movie africain. Moussa Touré n’hésite pas à s’attarder sur les sublimes paysages traversés par ses héros, sacrifiant parfois à l’efficacité de son récit une panne impromptue et une pause pipi en pleine brousse, ou encore une halte nocturne dans un village perdu. Toute la séduction de TGV vient de ce côté documentaire et « invitation au voyage » qui ne tombe toutefois jamais dans la naïveté ni dans le dépliant touristique. C’est ici la fiction qui pose problème, et en particulier le duo Bernard Giraudeau / Philippine Leroy-Beaulieu, d’un ridicule achevé et dont la participation sent la coprod’ à dix kilomètres. Il faut voir Giraudeau répétant à tout va : « C’est fou ce qui nous arrive », tandis que sa comparse participe à un rite -on lui verse du sang de mouton sur le corps- censé réparer le bus. Il est du reste amusant d’observer comment les autres personnages se débarrassent de ces parfaits imbéciles, les laissant aux mains des Bassaris sans guère d’états d’âme. En outre, le film peine à trouver sa voie : la révolte des Bassaris est à mi-chemin entre la farce et la critique sociale, l’humour est plutôt mal exploité (par exemple, l’idée des deux marabouts usant de sortilèges pour gagner les faveurs du ministre était originale mais tombe à plat, faute d’idées visuelles), et les intrigues sentimentales entre les protagonistes sont trop convenues. On regrette ainsi que TGV, freiné dans sa poésie par un cahier des charges trop fourre-tout, n’ait pas emprunté des rails plus radicalement naturalistes.