Terror tract s’inscrit dans la tradition (peu célébrée) du film à sketches horrifique, qui compte au moins deux réussites incontestables : Les Trois visages de la peur de Mario Bava, et, plus récemment, Creepshow de George A. Romero, modèle d’humour noir et de violence graphique directement inspiré de comics américains pour ados perturbés. Loin de ses illustres ancêtres, le long métrage de Dreesen et Hutchinson met péniblement bout à bout trois brefs récits articulés par un fil conducteur assez artificiel : parce qu’il cherche à vendre une maison à un couple tout en restant honnête, un agent immobilier (John Ritter, star de la télé US aperçue dans Nowhere de Gregg Araki) se sent obligé de révéler les macabres expériences vécues par les précédents habitants des lieux visités.

A chaque villa son malheur. Chez les Freemont, l’adultère tourne au cauchemar. La demeure de la famille Gatley est quant à elle prise d’assaut par un petit singe diabolique. Enfin, le jeune fils des Goodwin est mystérieusement connecté à l’esprit de « Granny Killer », tueur en série arborant un masque de vieille sorcière. Certes, tout cela n’est pas très novateur, et la paire Dreesen / Hutchinson peine à insuffler de l’originalité à ses gentils suspenses. Terror tract se regarde pourtant comme une bande laborieuse mais sympathique, sachant réactiver les données d’un genre tant aimé (la série B d’épouvante) dont il ne reste aujourd’hui que des cendres. Enièmes photocopies d’histoires archi-classiques, les sketches du film s’enchaînent comme autant de programmes balisés et, par là-même, confortables. Le spectateur est en territoire connu, les velléités anxiogènes de la narration n’ont aucun effet sur lui, et il se sent bien : pâles reflets des frayeurs d’autrefois, les images de Terror tract sont inoffensives et agréables, limpides et sans surprise. A ce petit jeu des douces réminiscences, le premier fragment sort gagnant, n’hésitant pas à évoquer les zombies aquatiques du Creepshow déjà cité et affirmant plus que les autres son art du recyclage aseptisé. Osons espérer que le film d’horreur n’en reste pas à ce type de variations paresseuses et parvienne à se régénérer dans les années à venir.