Manifestement hanté par l’idée de donner de l’Amérique une image enfin flatteuse et charismatique, le réalisateur Doug Liman et son auteur-producteur-acteur (!) Jon Favreau, montrent, au travers de leurs jeunes « swingers » une ville où chacun veut devenir comédien et se crée sa propre contenance pour mieux séduire. C’est peut-être un propos maigre comme celui d’une sitcom que le réalisateur suit avec une conviction souvent irritante. Qu’importe, la chasse aux numéros de téléphone de Michael et de ses amis dragueurs est assez drôle et faite avec suffisamment de distanciation pour que l’on s’en délecte sans honte. Cependant, c’est à force de déambulations que Swingers devient sympathique. Le côté vieillot de Los Angeles, son ambiance nocturne baignée de jazz et de vieux rock’n’roll (très belle scène de fin où le héros danse avec Heather Graham, la roller girl de l’amusant Boogie nights), donne du charisme à un film qui aurait pu se morfondre dans le pessimisme éclairé de son héros, toujours épris de l’être qui l’a quitté (refrain connu).

Ce qui plaît avant tout chez Liman est exactement ce qui finissait par exaspérer chez son confrère Kevin Smith, c’est que son humour est finalement très peu demandant, jamais poussif et l’ensemble du film est surtout très modeste, son équipe ne se contentant finalement de parler que de ce qu’elle connaît et aime.