Mieux vaut un bon cauchemar qu’un mauvais rêve… Belle accroche à la suite de laquelle on ne peut s’empêcher d’ajouter : un bon vidéaste vaudra toujours mieux qu’un mauvais cinéaste… N’ayant pas eu accès au matériel sophistiqué du cinéma traditionnel, Eric Bu a opté pour l’alternative vidéo et a ainsi réalisé son premier long métrage : Swamp ! Avec cette farce d’1h20, le jeune français nous démontre qu’un flot de trouvailles scénaristiques et de fraîches idées suffisent amplement pour toucher le public…

Film d’horreur en apparence, métaphore émouvante si l’on regarde de plus près, Swamp ! raconte le tournage d’une série Z fauchée. Dirigé par une petite fille condamnée à mourir -d’une maladie qui ne nous sera jamais révélée-, ce projet cinématographique sera la cause de sérieuses perturbations psychologiques pour plusieurs membres de son équipe. Menés par le bout du nez par cette enfant de 13 ans, à qui l’on ne peut rien refuser, les protagonistes se retrouveront entraînés dans des situations à la fois comiques et morbides. Avec ces scènes surréalistes (un clown schizophrène s’identifie à son personnage, une actrice visite les bas-fonds de la dépression nerveuse, les comédiens errent nus dans les champs…), Eric Bu réussit à faire rire le spectateur tout en installant sournoisement un léger malaise qui fait grincer des dents dès le moment où l’on en prend conscience… Ce sentiment est d’ailleurs renforcé grâce aux possibilités offertes par la vidéo. Swamp ! parvient à nous rapprocher de ses personnages par son aspect visuel proche de celui d’une vidéo amateur, et que n’importe quel ami pourrait vous montrer à son retour de vacances. Les arrivées inattendues d’éléments malsains dans un tel cadre n’en deviennent alors que plus dérangeantes. Cette démarche n’est pas sans rappeler celle de Thomas Vintenberg avec &numero=13&num_rubrique=11″>Festen, à la différence (en est-ce vraiment une ?) que le film de famille est ici un film de vacances…

Malheureusement, Swamp ! possède quelques défauts, tel le jeu maladroit de certains acteurs, un montage hasardeux et quelques autres défaillances techniques, mais la spontanéité du film permet d’oublier ces imperfections. Car le réalisateur déborde ici d’une envie aussi honnête que déterminée : celle de raconter une histoire au spectateur, tout simplement…