Une femme qui se fait larguer : rien de très original comme sujet de film. Par contre, si son mari la prévient cinq minutes avant de prendre seul le vol qui devait les amener à construire une nouvelle vie en Argentine, c’est déjà plus intéressant… surtout si celle-ci choisit de poursuivre sa vie sur le lieu même où il l’a lâchement abandonnée… à Orly Sud.

Comme l’aéroport, no man’s land par excellence, Hélène (Dominique Blanc, extraordinaire) est vidée par la désertion de son mari. Elle s’adapte donc au lieu, et se met en stand by. Après quelques jours passés à dormir sur les bancs des salles d’attente pour voyageurs en transit, Hélène rencontre un passager, vieux médecin lubrique, qui veut l’ausculter. En se prêtant à sa manie, elle fait un premier pas vers l’abandon de son corps qui la conduira à la prostitution. Décidée à ne pas renouer avec la vie « normale », elle se donne le temps de se reconstituer en s’oubliant un peu. Hélène se teint les cheveux, raccourcie ses jupes et devient Helena : la prostituée de l’aéroport. De la femme guindée et soumise aperçue au début du film à celle de peu de mœurs, en passant par l’amoureuse détruite, Dominique Blanc est à chaque fois le personnage juste. Son corps est un paysage qui se métamorphose au fil de l’évolution psychologique de l’héroïne qu’elle interprète.

Le réalisateur Roch Stephanik offre un magnifique écrin à cette performance d’actrice : travail du son soigné, belle image granuleuse et décor en accord avec l’intérieur d’Hélène. Les seconds rôles sont à l’unisson de cette prestation, Roschdy Zem en copain sécurisant, Jean-Luc Bideau en piteux client et Patrick Catalifo en détestable mari. Si Stand by est un film qui ne provoque ni vagues ni remous -le scénario ménage peu de rebondissements-, il présente néanmoins un très beau portrait de femme. C’est déjà beaucoup.