Un trio malsain. Cette fois pas une mère et deux fils comme dans Nue propriété, mais une femme, son mari et son amant. Le mari est en prison pour sept ans et la femme pendant ce temps fricote avec le gardien. Sauf que, manipulation tordue, c’est le mari qui a arrangé le coup pour entendre les ébats de sa femme par magnétophone interposé. Le scénario assez théorique du trio passe par les points obligés : jalousie, mensonge, humiliation, dépréciation, jusqu’à la tentative du suicide du mari, pris à son propre piège. Avec à la clé, la question bateau : lequel des trois est prisonnier des autres ?

Pourtant, ce qui sauve Sept ans du drame psychologique étiqueté « retors et intelligent », c’est sa mise en scène minimale et monocorde. Le film a le mérite de ne pas faire dans l’hystérie. Le dispositif se met en place tranquillement entre la maison, le parloir et la voiture avec une tonalité originale qui ne laisse pas indifférent. Extrêmement restreint, l’espace se clôt, la cellule sert de géographie à tous les lieux, la maison, la chambre, la voiture, la rue et le cadre fixe du plan. La fragmentation en scènes courtes, la grisaille ambiante, le jeu retenu et chuchoté des acteurs instaurent aussi un rythme entre lenteur et ennui, celui de l’attente au quotidien. L’intérêt du film tient dans l’impression de détachement très sensible qui résulte d’un équilibre assez juste dans la gestion de son espace-temps.

Jean-Pascal Hattu trouve un ton et le décline avec assurance. Dommage pourtant que le film manque à ce point de surprise et nous resserve une recette plutôt scolaire et souvent ressassée : le ronron d’une fiction vaguement trouble (relation de pouvoir, fascination ambiguë et sexe sordide) filmée le plus platement possible. Le récit tombe dans la routine et finit par se contenter de scènes ou de gestes répétitifs dont on se lasse (sentir l’odeur de l’autre sur le linge, griller des allumettes, répondre à l’appel devant le mur de la prison). A force d’économie narrative et de retrait, Sept ans s’éternise sans relief et sans humour.