La comédie américaine va décidément très mal. La preuve avec ce Self control, nouvel avatar d’un genre qui se repose sur ses lauriers, incapable de trouver une vraie force comique. Entre apologies bushiennes (Fashion victim, Les Aventures de Mister Deeds, Coup de foudre à Manhattan) et bêtisiers ados (le navrant Pour le meilleur et pour le rire en salles le 18 juin 2003), la comédie US mainstream ne nous fait plus vraiment rire. Inutile de souligner avec quelle impatience on attend le prochain opus des frères Farelly… Self control est l’exemple type de films qui mise tout sur une bonne idée de départ sans que le reste soit vraiment à la hauteur. Après une altercation avec une hôtesse de l’air dans un avion, Dave Buznik (Adam Sandler), un jeune cadre jusque là sans histoires, est condamné à suivre un séminaire pour contrôler ses crises de colère. De malentendus en malentendus, il finit par écoper de la peine maximale et se voit flanqué d’un prof particulier (Jack Nicholson) qui vient s’installer chez lui. Evidemment après avoir mis le bordel dans sa vie, ce prof loufoque, mi-ange, mi démon, va apprendre à notre malheureux héros à être mieux dans sa peau pour qu’il se décide enfin à demander la main de sa petite amie de longue date (Marisa Tomei). On retrouve dans Self control toute la naïveté du cinéma hollywoodien qui croit pouvoir traiter des problèmes humains en deux coups de cuillère et à l’aide d’un grossier cours de psychologie. Une approche résolument positiviste qu’il faut être capable d’intégrer si l’on veut entrer dans le film…

Reste la rencontre entre Jack Nicholson (toujours aussi cabotin) et Adam Sandler (la star comique du moment aux Etats-Unis) qui ne donne hélas pas lieu aux étincelles tant attendues. Hormis la scène au cours de laquelle les deux larrons poussent la chansonnette sur West side story, l’affrontement reste plutôt mollasson, à l’image d’un film qui, à force d’accumuler les temps morts, se traîne péniblement jusqu’à la fin. Le comble pour une comédie dont l’ingrédient principal devrait être le timing. Ici, les répliques manquent de punch et les deux acteurs semblent se regarder jouer comme s’ils ne croyaient qu’à moitié à cette histoire de « nerfs défaillants » qui finit par craquer lors d’un final grotesque en plein match de base-ball avec Rudolph Giuliani en guest-star. Pas sûr que le public français goûte ce genre d’humour 100 % yankee et cette propension tendancieuse à mêler ouvertement politique et cinéma…