Que reste-t-il de REC deux ans après le buzz qui avait enflammé web (bande-annonce à l’infrarouge à la Paranormal activity) et spectateurs en plein trip horror-DV (Diary of the dead, Cloverfield, Redacted…) ? A vrai dire pas grand-chose : une belle sauvagerie, une mise en scène plutôt utilitaire, quelques idées foudroyantes (les corps chutant du dernier étage) mais aussi un script en carton (le finale sataniste pathétique) et une métaphore politique postfranquiste assez fumeuse. Ce sequel 2009 a ceci de réconfortant qu’il repart exactement là où s’arrêtait le premier : résultat, l’immeuble est vidé de ses habitants trucidés (exit le panel sociologique à l’ironie éléphantesque dans lequel Balaguero nageait comme un gros poisson de vase) et il ne reste à la petite équipe de choc qui a pénétré dans la bâtisse maudite qu’à dézinguer du zombie shooté au Red Bull une heure et demie durant. Rendu à sa sève de pur shoot’em-up, le film n’a même pas à s’embarrasser de la moindre installation d’atmosphère : il ne s’agit plus pour Balaguero / Plaza que d’exploiter jusqu’à plus soif les ressorts élémentaires de leur petit bidule électrique et convulsif.

Dans ce registre bouh fais-moi peur, REC 2 est probablement supérieur au premier, d’autant que l’intrigue, d’une relative efficacité, parvient à recharger ses accus grâce à quelques jolis twists et coups d’éclat – notamment l’intervention d’un second groupe d’intervention qui relance complètement l’ensemble à mi-film. Pas de quoi hurler au génie (Balaguero reste un artisan sans grande finesse), mais il y a là de quoi revenir à la source d’un cinéma d’exploitation à l’ancienne, honnête et sans ambages. C’est au fond la grande leçon apportée par le récent Paranormal activity et cette sympathique bourinnade de Noël : malgré sa dimension réflexive de bazar (attention méta-cinéma) et ses ambitions révolutionnaires (attention bouleversement esthétique), le faux-doc numérique qui aura enflammé les années 2000 – en gros, depuis Le Projet Blair Witch – n’aura été qu’un savoureux tour de passe-passe pour recycler du vieux avec un semblant de nouveauté. L’horizon purement forain de REC 2 ne dit pas autre chose, et sa manière de ne jamais chercher plus loin que le bout furetant de son objectif est au fond une assez bonne nouvelle.