Après un prologue assez terrifiant, dont on taira l’issue par égard pour le plaisir du spectateur, Promenons-nous dans les bois débute selon le schéma ultra-classique du film d’horreur, récemment repris de manière parodique dans une pub pour un soda rouge sanguin : cinq jeunes gens insouciants et pleins de vie roulent en voiture, la musique à fond, sans aucune conscience du danger qui les attend à l’arrivée. A défaut de petit bonhomme qui surgit, une tronçonneuse à la main, en criant « Parce que ! », c’est une série de meurtres, dont ils seront les victimes, qui assurera l’ambiance dans la déjà très lugubre demeure de l’aristocrate pour lequel ils doivent donner une représentation privée.

D’emblée Lionel Delplanque, en élève studieux, se dépêche de nous déballer ses références, preuves d’un long travail de documentation ou d’heures d’abrutissement prépubère passées à mater des vidéos de films d’horreur, louées au vidéoclub du coin. C’est, par exemple, le trajet des héros illustré par une musique qui sample sans vergogne celle d’Halloween de John Carpenter ou surtout la structure du film basée sur l’élimination progressive des héros. Si tous les ingrédients sont réunis (Delplanque connaît sur le bout des doigts la grammaire de l’horreur : obscurité, portes entrouvertes, coins d’ombre menaçants, personnages mystérieux, décors morbides…), la sauce ne prend pas. Trop d’application fait de Promenons-nous dans les bois une copie ratée des séries B américaines du type Massacre à la tronçonneuse ou autres Vendredi 13 qui semblent avoir présidé à sa réalisation. Le cinéaste parvient à créer une ambiance angoissante dans la première partie (grâce, notamment, à la performance de François Berléand, inquiétant à souhait), qui malheureusement se délite au fur et à mesure. L’accumulation des meurtres et des effets horrifiques finit ainsi par verser dans le grand-guignolesque. On croit un moment à la parodie, et l’on se trompe. Promenons-nous dans les bois ne veut surtout pas être un Scream franchouillard et s’escrime bien au contraire à nous terroriser, quand bien souvent nous n’avons qu’une envie : rire (les plans réguliers sur le petit-fils autiste de De Fersen, Clotilde Coureau qui se balade dans le noir dans les couloirs du château après le massacre de ses copains…). Les invraisemblances qui faisaient le charme des séries B américaines n’ont pas leur place dans Promenons-nous dans les bois, sitcom anxiogène qui a la mauvaise idée de se prendre au sérieux. En érigeant comme modèle un genre cinématographique qu’il apprécie, Lionel Delplanque oublie de le renouveler et d’y apporter sa touche personnelle.