Playing God est un film étrange, il nie accidentellement son époque, comme un refus de faire du cinéma dans les années 90. Ce film est à jamais pris dans une autre période, un autre format, à savoir les séries policières américaines des années 80 du type Miami Vice. Cela est tel qu’à la vision de Playing God on a l’impression de faire un bond de 10 ans en arrière devant son poste de télévision ou d’être devant TF1 le samedi soir en deuxième partie de soirée pour se délecter de l’une des inénarrables Hollywood Nights, ce programme formidable qui, sous le couvert de téléfilm policier complaisant, représente l’une des plus violentes critiques faite à la télévision américaine.

Ainsi, on retrouve toutes les ficelles du genre dans leur plus pures banalités : la femme fatale, le héros en quête de réhabilitation, et son immanquable relation ambiguè (fascination/répulsion) avec le mal, incarné ici par un dealer psychopathe (Timothy Hutton plus cabot que jamais). Il y a bien évidemment le décor : Los Angeles montré comme l’enfer du monde moderne etc. Cette accumulation de clichés pousse le spectateur à rester dans l’indifférence la plus totale devant ce pathétique polar qui semble s’enfoncer de plus en plus au fur et à mesure de son déroulement. Duchovny prouve qu’il n’est bien qu’un acteur de télévision incapable de donner corps à son personnage (il semble se jouer lui-même) et Timothy Hutton arrive presque à en faire plus que dans La Part des ténèbres. A part ça, Angelina Jolie est assez mignonne.

On pouvait attendre plus de la part de ce réalisateur, créateur de la très intéressante série anglaise Cracker. C’est ainsi qu’une fois encore les bobines s’enchaînent inéluctablement vers l’oubli complet créant des zones d’ombre dans notre esprit de plus en plus amnésique. Playing God ne donne même pas envie de l’exécrer, il est aussi consistant que du vent.