Une mère (Isabelle Huppert) annonce à ses deux fils (Jérémie et Yannick Renier) qu’elle va vendre la maison familiale et déclenche la crise sous son toit. La maison en question existe à peine, on l’aperçoit abandonnée au dernier plan : grosse bâtisse presque gothique. Le film préfère jouer à fond la carte du huis-clos, et très vite tourne en rond dans le petit territoire de la psychose familiale (repas tendus, bon fils / mauvais fils, ce genre de choses).

En guise de haine fratricide, on assiste aux chamailleries de deux grands dadais plutôt risibles (rends-moi ma moto, pousse-toi d’là que j’m’y mette) sur fond de goûters au Nutella. Quant aux rapports mère-fils, le film esquisse avec volontarisme quelques poses vaguement transgressives (la mère défile en lingerie sexy et prend sa douche devant ses garçons) : Oedipe avec ses gros sabots. Isabelle Huppert sauve quand même les meubles, parfaite dans son rôle de paumée et brillamment mal à l’aise entre son amant et ses fils. Difficile, en revanche, de croire au casting bancal qui veut faire passer deux trentenaires pour des ados désoeuvrés.

Joachim Lafosse ne fait pas dans la dentelle pour filmer quelque chose comme une naïve fratrie primitive deux frères beaux, jeunes, cruels et sauvages. Lumière froide, maison vide, plans fixes, on est dans le brut, en plus, ils tirent à la carabine sur les rats de l’étang, ça rigole pas. Mieux encore, la fratrie respire un machisme sans complexe. Le film répète les humiliations de la mère avec une complaisance douteuse qui tourne à la jubilation. Les jeux de pouvoir clament la toute puissance virile (Jérémie Renier en fait des tonnes) et l’obscène passivité de la mère (copine, bonniche, complexée). Le bon fils (le plus faible) meurt, normal, force mâle oblige et quand le père revient, le vrai (celui qui a une grosse voix et une grosse voiture), tout rentre dans l’ordre. Un vrai film d’hommes.