Le corps de Keiji, jeune Japonais en voyage de noces, est retrouvé noyé sur une plage de Nouvelle Zélande au milieu des cris hystériques de sa femme Sayo. Ensuite, Memory and Desire n’est qu’une pénible alternance entre longs flash-back retraçant la vie du jeune couple, et scènes post-mortem des déambulations fébriles de la veuve en pleurs, confrontée qui plus est, au regard accusateur de la mère castratrice du défunt. On apprend à peu prés tout sur l’histoire de ces « mariés d’un jour »: leurs différentes appartenances sociales (il était cadre, et elle, lui servait le café au bureau), les problèmes sexuels de Keiji (à qui sa mère donnait encore des bains), leur décision de se marier, la réticence de la mère devant cette union et la haine qu’elle porte à celle qui lui vole son fils etc. Tout nous est montré, sauf l’essentiel.
Avant tout désireuse de filmer les cris et les larmes d’une femme, Niki Cario semble avoir oublié de nous montrer le pourquoi du comment. Car on ne croit à aucun moment à cette passion toute puissante censée unir les deux amants par delà la mort. Émouvoir les foules avec une pseudo histoire d’amour tragiquement avortée est plutôt aisé, dépeindre la véritable passion précédent le drame est autrement plus complexe, et plus ambitieux (voir Lunes de Fiel). Le script précisait sûrement que Kenji et Sayo s’aimaient « fort fort fort », reste que les deux acteurs ont l’air aussi épris l’un de l’autre qu’un frigidaire d’une baignoire. Un film à l’eau de rose ? Pour sûr, il s’agit bien de ça : une amourette qui se voudrait passion…
Ainsi très vite, ce film énerve : voir Sayo vivre en troglodyte près de la plage où son amant est mort, et lui dresser un autel sur lequel elle n’a de cesse de se lamenter, décuple notre faculté instinctive à discerner ce qui est bidon. A défaut de tout réalisme, nous exigeons quelque chose de vraisemblable, sous peine de piquer du nez. Certains me diront que Sayo fantasme, qu’elle se met à sacraliser la relation qu’elle n’a pas eu le temps de vivre, etc. Ce serait surestimer ce film superficiel et niais, dont le titre (révélateur) est accompagné par cette phrase : « leur amour aurait du durer toujours ». Les cinéphiles ne seront pas dupes, les autres préféreront revoir la cassette de Titanic : mais à qui va plaire ce film ?