Un premier film d’acteur. Faut-il reporter sur Mauvaise foi ce que l’on sait de Roschdy Zesym acteur ? Vieux problème. Difficile, d’abord, de savoir ce que l’on pourrait reporter tant, à bien y réfléchir, on aime bien Roschdy Zem tout en peinant à caractériser son style d’acteur. Essayons. On sait qu’il navigue plutôt dans le haut du panier du cinéma français et que sa stature lui a évité d’avoir à jouer l’Arabe de service. Ses larges épaules, sa paupière tombante, ses mains puissantes lui donnent volontiers un côté brutal qu’il sait contraster par une gestuelle plus douce, plus ronde, une voix simple et décidée. Inquiétant s’il le faut, il a aussi l’allure accueillante d’un bon voisin et la mine attentive de l’ami. De Roschdy Zem on peut dire, pour botter en touche, qu’il est un comédien tout en contrastes. Des premiers films d’acteurs, on attend souvent qu’ils ressemblent à un style de jeu. On aurait aimé que cela soit le cas pour Zem. Mais l’ambivalence de Mauvaise foi ne l’est hélas qu’en surface, en complications de circonstances.

C’est une affaire de scénario. Lui, Arabe, musulman non pratiquant. Elle, Ashkénaze, juive non pratiquante. Ils s’aiment, vivent ensemble depuis plusieurs années, mais n’ont jamais révélé à leurs parents respectifs (sa mère à lui, puisqu’il a perdu son père) l’identité de leur conjoint. Lorsqu’elle tombe enceinte, plus question de garder le secret. Vous imaginez, donc : les parents juifs vont découvrir que le compagnon de leur fille est arabe, la mère arabe que la compagne de son fils est juive. Et puis d’autres problèmes : David ou Nourredine ? Rachel ou Leïla ? Et puis la circoncision, maintenant ou plus tard ? Mauvaise foi.

Si Mauvaise foi s’en prend aux réflexes communautaristes qui ne manquent pas de se réveiller jusque chez ceux qui se sentent a priori les moins concernés par ces questions, il n’en reste pas moins un film gentil, très gentil, qui ne se foule pas des masses quant à sa narration. Quelques scènes d’intimité assez réussies viennent ponctuer le cours d’un récit très banal (tout va bien / les ennuis commencent / on se fâche / on se retrouve in extremis) qui emprunte des procédés ni neufs, ni élégant (le suspens final tout naze, le personnage ange-gardien de la tata fofolle). Au moins Roschdy Zem la joue modeste, sans chichis : une histoire gentille et consensuelle, des acteurs pas mal, une caméra qui filme le tout, réconciliatrice en diable plutôt qu’utopique -ce qui semblait pourtant sa véritable ambition, nettement insatisfaite. C’est le problème du contraste, on y revient : une opposition, cela sert (devrait servir) à produire un troisième terme, quelque chose d’inédit, jamais une simple juxtaposition (les deux mères, copines comme tout à la fin du film), jamais un petit arrangement, jamais la sorte de cohabitation à quoi se résume finalement Mauvaise foi.