Un bassin minier de l’Est de la France est hanté par le vide, vide des existences des jeunes désœuvrés, vide des espaces industriels abandonnés. Pour Jeff (Samuel Jouy), Tonio (David Saracino) et Chico (Younesse Boudache), combler ce vide, du moins de manière passagère, passe par l’organisation d’une rave. De cette fête on ne saura pas grand-chose. Evoquée à différents moments et finalement réalisée, celle-ci n’est jamais montrée comme un baroud d’honneur (suivez mon regard vers des films racoleurs du type Full monty où les personnages retrouvent leur dignité en se rendant utiles, même de manière futile, à la communauté). Seule la recherche du lieu sera présente en filigrane dans le film. Anciens bunkers allemands, zones industrielles en friche, entrepôts à l’abandon envahis par la végétation sont autant d’endroits où les personnages promènent leur mal-être ; une errance dans de vastes lieux en complète déliquescence.
Dans cette région sinistrée, le contexte socio-économique a certes de l’importance mais ne sert jamais de prétexte à un film « social » de plus. Francis Renaud refuse, en effet, tout naturalisme, tout sociologisme (notamment grâce à un très important travail effectué sur la lumière et les couleurs). La réalité brute est filtrée, transcendée par le réalisateur. Résultat : un film dépressif où rien ne nous est réellement épargné, ni l’alcoolisme de la mère de Marie (Gaëla Le Devehat), ni la désespérance profonde des personnages.
Certains taxeront sûrement Marie, Nonna, la vierge et moi de « branché », de glauque, mais le réalisateur a le mérite d’aller jusqu’au bout. De parcourir son chemin de croix filmique qui aboutit à une imposante statue de la vierge Marie, plusieurs fois aperçue dans le film, symbole d’une innocence à jamais perdue. Si espoir il y a, celui-ci n’existe que dans l’ailleurs, dans la fuite vers un lieu autre, hypothétique. Un ailleurs synonyme d’espérance, de renouveau.