Réalisé avec un budget ultra-modeste, Mariage à la grecque a pourtant squatté pendant plusieurs semaines d’affilée les premières places du box office américain, détrônant par la même Le Projet Blair witch au titre de film le plus rentable de l’histoire du cinéma. Impossible cependant d’expliquer l’engouement surprise du public pour ce qui n’est au final qu’une naïve bluette aux airs de déjà vu. Après une adolescence particulièrement ingrate avec acné et kilos superflus en prime, Toula est toujours célibataire à 30 ans. Une véritable catastrophe pour sa famille de Grecs orthodoxes qui se lamente déjà d’avoir une vieille fille à charge. Mais quand la rondouillarde jeune femme trouve enfin l’homme de sa vie, il s’agit d’un Américain lambda, choix qu’elle aura du mal à défendre dans sa communauté. Mariage à la grecque nous ressert alors les bons vieux gags sur la confrontation des deux cultures avec beau-père irascible et beau-fils terrorisé.

Pire, le film en fait des tonnes dans le folklore grec avec ses spécialités gastronomiques, ses vieux sapés en noir et son accent du pays évidemment exagéré. Un vrai dépliant touristique où tous les clichés que peuvent avoir les étrangers sur la Grèce se trouvent convoqués. Après l’Italie, les spaghettis et la mafia, c’est au tour du Sirtaki et de la Moussaka de divertir le public américain friand d’escapades exotiques à bon compte. Mariage à la grecque représente rien moins que le degré zéro du cinéma, tant au niveau du fond -un vague discours bien-pensant sur les bienfaits de l’hybridation des cultures-, qu’au niveau de la forme -inexistante et donc parfaite pour une diffusion télévisuelle. Si le public français réserve le même accueil triomphal au film, c’en sera définitivement terminé avec l’exception culturelle hexagonale…