Exception faite de Nanni Moretti, récompensé à Cannes avec La Chambre du fils, le cinéma italien fait décidément grise mine. Depuis quelque temps, traversant un marasme cinématographique sans précédent, l’Italie nous livre au compte-gouttes des productions bien peu convaincantes. Malèna de Giuseppe Tornatore en est le parfait exemple, et résume assez bien le cruel manque d’inspiration d’un cinéma qui a du mal à renouer avec son glorieux passé.
Sous un régime fasciste grossièrement dépeint, la belle Malèna, toute jeune mariée, voit son époux partir à la guerre. Renato, jeune adolescent un peu nunuche aux prises avec ses désirs sexuels naissants ne jure que par elle et la suit partout, s’imaginant, parmi les nombreux fidèles de la belle, être le seul capable de la consoler et de la réhabiliter. Attisant les jalousies de la gent féminine tout entière, Malèna est en effet le centre de tous les quolibets. Accusée de détruire les foyers par ses fréquentes aventures, la jeune veuve se voit aussi rejetée par son père, honteux du comportement déviant de sa fille.

Le film de Giuseppe Tornatore frise le ridicule tant l’œuvre amoncelle des situations convenues et dénuées de toute audace. Passant complètement à côté de la figure de cet homme-enfant en soif d’aventure sexuelle, le réalisateur se focalise sur l’irrémédiable sort réservé à son héroïne, d’avance condamnée par son exceptionnelle beauté. Mais la traque grotesque et prévisible de cette pauvre martyre réduite à l’état d’objet sexuel suscite plus le rire que la compassion. Les scènes où l’auteur glorifie son jeune protagoniste en parodiant les films de genre (western, gladiateur, érotique, etc.) apparaissent tout aussi ridicules. Malèna souffre autant de son scénario stéréotypé que de sa réalisation apathique réduisant le film à un documentaire creux sur la sculpturale Monica Bellucci. Un produit sans âme.