Neuf ans après avoir été condamné à mort pour le meurtre d’Helen Bass, le 1er mars 2000, Odell Barnes, âgé de 31 ans, a été exécuté par injection létale à la prison de Huntsville dans le tristement célèbre Etat du Texas (la statistique mortifère est sans appel, G.W. Bush junior alors gouverneur avait à cette date accordé son autorisation pour 135 exécutions capitales…). Contre-enquête filmée, Made in the USA revient sur l’histoire.

La grande force de ce documentaire est de se situer hors-champ de l’étroit binôme pour/contre ; il n’entre pas dans la catégorie du pamphlet, son domaine est celui du doute.
Le dispositif est simple, il s’agit d’enregistrer les témoignages des personnes impliquées dans l’affaire. De l’accumulation des paroles -celles d’un procureur qui tel un disque rayé répète ad vitam aeternam les mêmes et maigres arguments, celles des abolitionnistes militants qui ont mené la contre-enquête- ne naît non pas la vérité (qu’Odell Barnes ait été coupable ou innocent on ne le saura jamais), mais un terrible doute. Peu importe, une fois que la machine judiciaire américaine est lancée rien ne peut l’arrêter ; elle doit être rassasiée, doit tuer. Casier bien rempli, pauvre, noir, Odell Barnes était tout simplement le coupable idéal. Et entre les mains des autorités le coupable idéal est devenu coupable tout court ; il a suffi d’écarter certains éléments « gênants » (témoins à décharge pas convoqués, interprétation subjective d’examens scientifiques, possible falsification de preuves…). Carences flagrantes de l’enquête, procès bâclé, intérêts supérieurs en cause (les élections n’étaient pas loin) cette Amérique-là n’est pas celle du doute mais bien celle de l’acharnement. Malheureusement, Odell Barnes n’est que la victime symptomatique d’un pays qui ne veut surtout pas voir, ni comprendre ses enfants -les fameux « Made in the USA » du titre- et qui préfère tuer. Une implacable autopsie d’une meurtre institutionnalisé.