Mollement joyeuse perspective de voir une Nicole Kidman en tablier à fleurs agiter son fin tarbouif 50% bio en faisant la vaisselle ; simple joie de retrouver un hit de la youpi tévé américaine des sixties, un hit bouche-trou des grilles de programmes françaises. Ma sorcière bien aimée 2005, extatique revival du magicien d’house, c’est tout ça et rien de plus, c’est-à-dire pas grand-chose, voire bien peu sinon l’assurance d’un divertissement des familles neuneu et bigarré. Sauf que le recyclage des aventures trépidantes de Jean-Pierre et de sa blonde ménagère de femme prend sous l’oeil expert de Nora Ephron les atours d’un gros dispositif expérimental, attention ça déménage. Voilà : Nicole est Isabel, une sorcière, une vraie, qui a décidé d’en finir avec les princes-crapauds et les potions magiques pour mener une vie normale et trouver le grand love chez les mortels. Ailleurs dans Hollywood, Jack (Will Ferrell), un acteur à la ramasse, est contacté pour interpréter l’inénarrable Jean-Pierre dans une reprise de la fameuse série Ma sorcière bien aimée. On s’active pour trouver celle qui sera Samantha : une blonde sachant swinguer de l’appendice nasal et surtout ne pas faire d’ombre à Jack, lequel tente par la petite porte cathodique un come-back de la dernière chance après une série de bides sur grand écran. On cherche et on ne trouve pas, jusqu’à ce que Jack croise le nez d’Isabel, remuant divinement. Il l’engage sans connaître sa nature sorcierale, elle ne comprend rien à cette histoire où on lui demande à elle la sorcière de jouer une sorcière sans savoir qu’elle en est une, de sorcière.

D’accord, niveau conceptuel, c’est léger. Scénario bizarre, plutôt que concept ultra-moderne. Mais quand même, il vaut pour ça : Nicole Kidman, puisqu’il faut en dire un mot, y trouve à jouer l’idiotie, la bêtise, voire la légère débilité, ce qui n’est pas rien pour une star de son standing. Vu qu’elle ne comprend rien à la situation (dans sa jeunesse de witch, Ma sorcière bien aimée lui était formellement interdit), la pauvre regarde son monde d’un air de loutre ahurie. Et le fait plutôt bien. Pas facile de porter un jugement définitif sur cette actrice géniale une fois (Eyes wide shut), pas si terrible le reste du temps mais estampillée « grandactrice » on ne sait trop pourquoi. Là, en greluche à balai volant, elle se défend. En Jack / Jean-Pierre, Will Ferrell n’est pas mal non plus : bruyant, ronflant, bourrin au profil de buffle, il confirme son excellente prestation dans l’excellent Serial noceurs dont in fine on conseillera mille fois la vision plutôt que cette gentille panouille sur plateau télé, pour plateau télé : Ma sorcière bien aimée, Nora Ephron, 2005.