Avec son générique final où se rejouent, au fil des pages d’un livre pop up, les séquences du film en version réduite, Le Livre de la jungle donne une idée claire de son ambition. Soit : booster numériquement la madeleine crayonnée de 1967, redéplier le petit récit d’apprentissage dans l’open world infini du cinéma digital. Maigre programme, lequel offrait cependant à ce remake une captivante marge de manoeuvre figurative. Car les évolutions techniques des dernières années engagent l’entertainment féérique sur une pente délicieusement savonneuse, où l’humain et le merveilleux, la chair et le pixel, se mêlent dans un mariage si indistinct que le spectateur se retrouve chaque fois obligé de se poser la question : qui, du réel ou du numérique, finira par ingérer l’autre ?

S’il n’y avait aucune raison d’attendre du sympathique Jon Favreau une mise en scène capable d’approfondir ces pistes théoriques (comme James Cameron dans Avatar ou, bientôt, on l’espère, Steven Spielberg dans Le Bon Gros Géant), on peut regretter l’insignifiance avec laquelle le réalisateur d’Iron Man s’emploie à barbouiller de CGI luxuriants les pages du dessin animé original. Car pour le coup, toute cette nouvelle donne sur les puissances contaminatrices du faux coïncidait idéalement avec l’enjeu soutenu par le personnage de Mowgli — à quel point un enfant, ici seule pièce rapportée du réel, pouvait-il être adopté par la jungle, sa flore digitale et ses créatures à poils de synthèse ?   

Un regret encore plus appuyé par les quelques promesses esquissées par son prodige, Neel Sethi, lequel baigne dans cet aquarium numérique comme un poisson dans l’eau. Agile et gouailleur, ce McGyver en culotte courte aurait pu se démarquer par sa manière de soumettre la loi de la jungle à son ingéniosité technique naturelle, ces “tricks” d’homme contre lesquels ses acolytes animaux ne manquent pourtant pas de le mettre en garde. Mais le film peine à relayer cet épicurisme débrouillard, jusqu’à donner la sensation de conduire son escapade en pilotage automatique.

D’où un divertissement pas du tout désagréable mais étrangement fade, sans turbulences ni acrobaties, comme sûr par avance de son incapacité aux prodiges. Telle sa jungle animée de milles détails et pourtant dénuée d’âme, le film offre quelques prises à la séduction mais ne parvient jamais à habiter son univers, la faute à un manque frappant de sophistication dans le découpage et un récit laborieusement soumis à l’impératif de dérouler la galerie de portraits (Kaa le serpent charmeur, Baloo l’ours bon vivant, Louie le singe mégalo). De quoi permettre au Livre de la jungle de rejoindre sans résistance cette grande famille de blockbusters light qui, surfant sur les facilités de leur époque, ressemblent surtout à des super cinématiques de jeux vidéos. Un cortège de démonstrations de forces totalement vaines que l’on consent pourtant à regarder défiler très tranquillement ; dans l’attente, parfois frustrante mais heureusement toujours récompensée, de voir un grand réalisateur s’emparer de la manette.

12 COMMENTAIRES

  1. vous oubliez de dire au passage comment cette nouvelle version a totalement desexualisé l’original (qui était un merveilleux et psychédélique récit d’éveil à la sexualité – Mowgli entr’aperçoit la jeune fille du village, Baloo lui apprend a se frotter contre les arbres :-) ) pour en faire un hymne policé et policier à la « propagande » conformiste et collectiviste (le loup et sa meute)… Affligeant (pas vous, le film)…

  2. vous oubliez de dire au passage comment cette nouvelle version a totalement desexualisé l’original (qui était un merveilleux et psychédélique récit d’éveil à la sexualité – Mowgli entr’aperçoit la jeune fille du village, Baloo lui apprend a se frotter contre les arbres :-) ) pour en faire un hymne policé et policier à la « propagande » conformiste et collectiviste (le loup et sa meute)… Affligeant (pas vous, le film)…

  3. vous oubliez de dire au passage comment cette nouvelle version a totalement desexualisé l’original (qui était un merveilleux et psychédélique récit d’éveil à la sexualité – Mowgli entr’aperçoit la jeune fille du village, Baloo lui apprend a se frotter contre les arbres :-) ) pour en faire un hymne policé et policier à la « propagande » conformiste et collectiviste (le loup et sa meute)… Affligeant (pas vous, le film)…

  4. vous oubliez de dire au passage comment cette nouvelle version a totalement desexualisé l’original (qui était un merveilleux et psychédélique récit d’éveil à la sexualité – Mowgli entr’aperçoit la jeune fille du village, Baloo lui apprend a se frotter contre les arbres :-) ) pour en faire un hymne policé et policier à la « propagande » conformiste et collectiviste (le loup et sa meute)… Affligeant (pas vous, le film)…

  5. vous oubliez de dire au passage comment cette nouvelle version a totalement desexualisé l’original (qui était un merveilleux et psychédélique récit d’éveil à la sexualité – Mowgli entr’aperçoit la jeune fille du village, Baloo lui apprend a se frotter contre les arbres :-) ) pour en faire un hymne policé et policier à la « propagande » conformiste et collectiviste (le loup et sa meute)… Affligeant (pas vous, le film)…

  6. vous oubliez de dire au passage comment cette nouvelle version a totalement desexualisé l’original (qui était un merveilleux et psychédélique récit d’éveil à la sexualité – Mowgli entr’aperçoit la jeune fille du village, Baloo lui apprend a se frotter contre les arbres :-) ) pour en faire un hymne policé et policier à la « propagande » conformiste et collectiviste (le loup et sa meute)… Affligeant (pas vous, le film)…

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