Vingt ans après Moi, Christiane F., son premier film, Uli Edel, ayant depuis transité par les Etats-Unis, nous revient des confins de l’oubli avec ce petit film pour enfants qui, malgré son titre original, n’est rien d’autre qu’une production européenne camouflée, à l’instar de L’Histoire sans fin, autre succès du genre réalisé par son compatriote Wolfgang Petersen en 1984. De retour dans son Allemagne natale après une pathétique adaptation de Last exit to Brooklyn et Body of evidence, ridicule thriller SM interprété par Madonna, le réalisateur semble avoir révisé momentanément ses ambitions à la baisse avec Le Petit Vampire, historiette fantastique destinée aux culottes courtes et inspirée par des ouvrages jeune public fort populaires outre-Rhin, qui donnèrent déjà lieu à deux séries télévisées, dont une récemment diffusée par Arte.

Loin des seringues de Berlin Zoo et des dessous de dentelle noire de la Ciccone, Uli Edel filme ici les aventures d’un moutard américain BCBG (Jonathan Lipnicki, le morveux de Stuart Little) qui, suite à un déménagement en Ecosse, fait la connaissance avec un petit vampire gothique de son âge. Malgré leur différence de look et d’habitude alimentaire, les deux enfants se lient d’amitié et l’écolier yankee sauve son nouveau camarade et sa famille de l’ancestrale malédiction qui a fait d’eux des suceurs de sang habillés tout en noir. Pas de quoi faire se retourner Murnau ni Dreyer dans leur tombe, certes. Mais, en raison peut-être de l’absence de prétention du projet, cette comédie fantastique forcément puérile qui atteint tout de même par moments de réjouissants sommets d’idiotie n’est pas le navet secrètement espéré par le cinéphile pervers. Premièrement, parce que l’auteur des romans sur lesquels s’appuie Le Petit Vampire a eu la bonne idée d’inverser les stéréotypes de l’horreur en croquant ses personnages aux dents longues comme une espèce en voie de disparition, désemparée et sympathique et ensuite parce que sourdent, au détour de quelques scènes, des relents surréalistes similaires à ceux que Breton et sa bande décelaient dans les nanars français des années 30. Stupéfiant exemple : un trio de bovidés-vampires volants, probable et hilarante résurgence de l’inconscient collectif face à la peur de la vache folle, qui, au détour des événements, surgit à l’écran. Un tel instant de bonheur navrant justifie à lui tout seul l’existence du Petit Vampire et invite à la tolérance amusée vis-à-vis de ses effets spéciaux de pacotille et de son humour puéril. Ce qui n’est déjà pas si mal.