D’abord, se défaire de l’horrible titre français, même si l’original traduit de l’anglais, Music and lyrics, n’aurait pas manqué de rappeler le gentil navet d’Eli Chouraqui Paroles et musique. Music and lyrics vaut mieux que son homologue français des années 80. Soit un chanteur has been, loin de ses riches heures de gloire des années 80 (justement) où il officiait dans un groupe type Wham ! (remember ?), campé avec décontraction par Hugh Grant. Soit une jeune femme (Drew Barrymore) venue pour arroser ses plantes, dotée d’un don fulgurant pour les paroles de chansons. « Music » and « Lyrics » donc, vous avez compris.

On ne peut pas dire que le film regorge d’idées de mise en scène, il est même filmé assez platement, mais le cinéma américain n’a pas son pareil pour figurer des duos. De ce point de vue, les scènes les plus réussies sont celles où les duettistes se mettent au travail et enchaînent les improvisations. Comment un morceau de musique naît en même temps qu’une relation, comment on accorde des paroles à une mélodie, comment un couple trouve peu à peu son accord : c’est dans ce ballet de mots et de phrases musicales, d’entente et de mésentente que le film trace son chemin en mode mineur, c’est vrai, mais avec un certain charme. La manière par exemple dont le film ne règle jamais vraiment leur compte aux « idiots » de l’histoire (un écrivain séducteur un peu fat, un clone de Britney Spears), et préfère se concentrer sur la sortie du tunnel de nos deux tourtereaux, n’est pas dénué d’élégance.

On aurait tort de prendre cette gentillesse pour de la niaiserie. Le film ne l’est justement jamais, niais. Il a une distance teintée d’une bienveillante ironie qui l’empêche tout à la fois de tomber dans la satire convenue ou dans l’épanchement sentimental sirupeux. S’il est réalisé sans grand talent (manque la dimension de pop sentimentale à la mise en scène, celle là même qui fait la réussite des chansons qui émaillent le film, composées par Adam Schlesinger), son réalisateur n’en a pas moins, à l’instar de ses personnages, une réelle distinction dans le malheur, ce qui est, somme toute, le comble de la délicatesse.