Avec Last Days of Summer et après une poignée de films inégaux, Jason Reitman aura confirmé deux choses : 1- qu’il ne sait pas faire grand chose d’autre que suivre aveuglément un scénario 2- qu’il est un bon directeur d’acteur. D’où que ses films : 1- peinent à faire de lui un cinéaste 2- sont du petit lait pour les acteurs et du ronron pour nous. Reitman se contente donc ici, à nouveau, de suivre sans trop se poser de questions son scénario (adapté d’un roman de Joyce Maynard), laissant à Kate Winslet et Josh Brolin le soin de faire le reste, dans la moiteur bienvenue et la lumière accueillante d’un été finissant du New Hampshire.  Or la fin d’un été, avec ses journées pas pressées de finir, est un sujet évidemment photogénique, qui ne fait pas courir de grands risques sinon celui du cliché. Lequel peut bien suffire à un film qui, comme celui-ci, ne demande guère à son spectateur que de se laisser porter. Et ce spectateur, après tout, pourrait bien avoir envie de réentendre une partition connue – à condition que l’interprète entretienne l’illusion d’une première fois.

Le pitch déroule donc patiemment sa musique, sans que nulle surprise n’en vienne interrompre le flux langoureux : les corps se cherchent puis se touchent, se font peur puis s’attirent, l’enfant s’éveille à mesure que sa mère se réveille d’une torpeur à laquelle elle a trop longtemps consentie, et voilà le thriller prêt (dès le début) à laisser toute sa place à la romance. Une jeune femme quittée par son mari (Winslet, définitivement belle), y élève seule son fils, perdue dans le flou cotonneux d’une dépression que l’on devine confortable. Un fils rien que pour elle, qui prend de fait la narration en charge, pour préserver la mémoire de cette mère méritante, aimée autant qu’aimante. Aimée par le fils, puis par un prisonnier évadé (Brolin, incarnation chaque fois plus évidente d’un virilité à l’ancienne), dont le charisme en tee-shirt blanc et la paternité autrefois contrariée en font tout à la fois l’amant et le père providentiel que tous attendaient.

Winslet et Brolin hélas font ici preuve de métier plutôt que de trouble, d’où une scène au moins aussi édifiante que jadis : les mains mêlées d’argile sur un tour de potier, unies par l’amour éternel, de Patrick Swayze et Demi Moore dans Ghost. Sauf qu’il s’agit cette fois d’une tarte aux pêches lentement malaxées, laissant les amants en devenir communier dans l’acte quotidien de faire la cuisine, et trouver sans délai la sérénité d’un vieux couple. Les mains du fils viennent d’ailleurs se joindre aux leurs, pour mieux recouvrir le trouble érotique d’un pudique voile familial, achevant d’enterrer toute hypothèse de frisson déviant.

Il suffit de regarder l’affiche pour avoir vu le film : Last Days of Summer est un film d’ascenseur, comme on le dit d’une musique – de l’easy viewing à tous les étages. Mais qu’importe après tout, les histoires toutes faites ont leur charme, en même temps que ce mérite, qui est celui des contes maintes fois répétés aux enfants, de faire tenir la norme qui donnera envie aux autres de s’en démarquer.