Un crocodile géant (dix mètres de long !) menace les eaux dormantes d’un lac du Maine. On dépêche alors sur place une poignée de personnages aux méthodes divergentes, dont une paléontologue (Bridget Fonda), un inspecteur des Eaux et Forêts (Bill Pullman, loin de Lost highway), le shérif du coin (Brendan Gleeson), sans oublier un aventurier expert en sauriens (Oliver Platt). Qui va se faire dévorer en premier ? Mauvaise question, car hormis un prologue assez gore et quelques bestiaux déchiquetés par le monstre, le carnage attendu n’aura pas lieu. Amateurs de bikinis ensanglantés, la frustration s’avère probable. En effet, Lake placid ressemble davantage à un récit d’aventures teinté d’angoisse qu’à un vrai film d’horreur.

Cela posé, l’affaire est plutôt rondement menée par Steve Miner, tâcheron hollywoodien à l’origine du second volet de la saga des Vendredi 13, ou encore, dans un tout autre genre, de My father, ce héros, remake inutile du navet franchouillard avec Depardieu. Sans se prendre pour le génie qu’il n’est pas, le cinéaste maîtrise les séquences dites fortes (les attaques du croco) sans trop nous emmerder avec le reste (le flirt entre Bill Pullman et Bridget Fonda, les différences d’éthique et l’indispensable leçon de sciences naturelles). Clou du spectacle : un affrontement titanesque entre la créature aquatique et un ours surgi de nulle part. On se croirait presque dans un Godzilla naturaliste, même si la scène est trop courte pour assumer le côté absurde -et donc hilarant- de la situation. Dommage que le film s’embourbe soudainement dans une fâcheuse tendance écologiste qui pousse ses héros à sauvegarder la bête alors qu’il auraient pu, par exemple, lui éclater les mâchoires à coups de fusil à pompe (et merde à la SPA !).