Avec un titre pareil, on se doute que La Vie d’artiste appartient à la catégorie reine du cinéma français, le film choral et ses roulés-boulés sociologiques. Malgré les apparences, c’est dans 90 % des cas toujours au même milieu qu’on se frotte : petite bourgeoisie parisienne tantôt recluse dans son opulence, tantôt rongée par le doute, tantôt complètement à la ramasse. Troisième catégorie ici, avec une galerie cynique de bobos (un prof, une actrice ratée, une jeune chanteuse qui rêve de gloire) se mesurant à la jungle des castings et des maisons d’édition tout en tentant de maîtriser niveau amours, amis, famille, vie privée. C’est le pur survival à la parisienne, avec coups bas en série (le prof qui pique le roman d’un de ses élèves), retournements brutaux et psychologie gore crapoteuse (Sandrine Kiberlain humilie Podalydès dans une librairie vide où il est venu faire des dédicaces). Un film de zouave autarcique, un de plus.

L’autre drame de ce cinéma-là, c’est son goût pour la médiocrité, qui lui fait tant aimer les histoires de rédemption (le grand motif du couple menacé qui se retrouve uni malgré tout). Ici, curieusement, Marc Fitoussi ne tente même pas d’enrober son réalisme bonbon dans un quelconque mouvement d’ascension et de fantaisie, on se retrouve plutôt du côté de chez l’épouvantable Zonca : rien à espérer, chacun s’enfonce dans sa misère pour ne plus en sortir. Seuil du film : se contenter de ce qu’on a, ne surtout pas croire en ses rêves. Idée sympa, mais le manque d’attention aux personnages, le racisme sociologique de certains gags (le fana de mangas, grosse caricature qui vient détruire la petite lumière pop apportée par les scènes de doublage), ce cynisme rabougri qui la ronge aux mors conduisent bien vite au naufrage. Même dans sa prometteuse méchanceté, le film se révèle pour ce qu’il est : misérable et penaud comme le personnage incarné par Podalydès (le 1, c’est pour lui).