Quatrième adaptation pour le grand écran des aventures de Jack Ryan imaginées par l’auteur Tom Clancy (après A la poursuite d’octobre rouge, Jeux de guerre et Danger immédiat ), La Somme de toutes les peurs scelle d’abord le passage de relais entre Harrison Ford, l’interprète habituel de l’agent de la CIA, et Ben Affleck qui en est la nouvelle incarnation. On retrouve ainsi Jack Ryan, non pas en chef des services de renseignements, mais à ses débuts, lorsqu’il n’est qu’un modeste analyste de la CIA. Oui, mais voilà, Jack a la bonne idée d’être un spécialiste de la politique russe au moment même où ce pays change de président. Du coup, le jeune homme se retrouve propulsé bras droit du directeur de la CIA (Morgan Freeman), au cœur des événements tragiques qui vont secouer les Etats-Unis. Réalisé avant les événements du 11 septembre, le film de Robinson ne manquera pourtant pas de rassurer (est-ce le but officieux ?) les Américains sur la bonne santé de leurs célèbres services d’espionnage au moment même où ceux-ci sont mis à mal pour ne pas avoir su empêcher l’attentat. La Somme de toutes les peurs est en effet dans sa première partie ni plus ni moins qu’une ode à la gloire de la CIA et de ses agents, des hommes tirés à quatre épingles et au visage impénétrable, maniant un obscure jargon géopoliticien qui en jette un max.

Même si on a parfois l’impression d’assister au déroulement grandeur nature d’un jeu de société type Risk, force est d’avouer que La Somme de toutes les peurs fait partie de ces blockbusters si bien calibrés qui se laissent finalement voir avec une certaine jubilation. Embarqués aux côtés de Jack Ryan dans les plus hautes arcanes du pouvoir, le spectateur éprouve le sentiment grisant d’être au coeur de bouleversements qui scellent rien moins que le destin de la planète terre. Evitant le ridicule par la force de persuasion que déploient les acteurs -tous impeccables- et la conséquence des moyens déployés, le film parvient ainsi à nous faire croire -presque sans sourciller- à l’imminence d’une troisième guerre mondiale. C’est grâce à cette absence de complexes, totalement assumée, que La Somme de toutes les peurs n’est pas ce navet d’anticipation qu’il a bien failli être.