Un peu comme pouvait le faire L’Interprète avec l’ONU il y a quelques années, La Révélation s’installe au Tribunal Pénal International de La Haye et dépeint le procès fictif d’un criminel de guerre de l’ex-Yougoslavie, entendant rehausser l’ingratitude du film à thèse par l’efficacité du thriller. Schmidt revendique dans chaque scène un impeccable professionnalisme : préparation du dossier, interrogation des témoins, reconstitution des faits, rien de la procédure n’est laissé de côté. Et les protagonistes réels de se succéder à la barre, plutôt auprès des journalistes, pour témoigner que promis juré, on s’y croirait. De fait ce didactisme est globalement ce qu’il y a de moins raté : pataud et appliqué, aussi peu inspiré qu’on puisse imaginer, le film s’en contenterait qu’il resterait à peu près estimable.

Encore que. Rarement un film nous aura fait toucher à ce point les limites d’un certain naturalisme pédagogique : une attention aux détails qui ne dévoile finalement rien. Chaque cravate est à sa place, chaque bouton de manchette. Les acteurs paraissent bons l’espace de dix minutes parce qu’effectivement, ils ressemblent de loin à des procureurs, des juges, des fonctionnaires européens. Et de près beaucoup moins tant tous leurs efforts semblent destinés à nous le faire savoir. Ce souci de crédibilité là ne touche que la surface. Pire : il n’a de cesse de surligner les enjeux. Inspirée et bienvenue chez d’autres (mettons le Che Guevara de Soderbergh), cette pédagogie n’est ici qu’un martèlement un peu vain.

La Révélation déçoit surtout par son pathos difficilement supportable, avec cette manière qu’ont les personnages d’y porter le poids du monde sur leurs épaules, de ne s’exprimer qu’en généralités pompeuses sur la dignité, la personne humaine, la faute, foudroyant de leur regard de justes leurs adversaires compromis ou médiocres. La Reconnaissance, la Justice, l’Oubli : à chaque scène son idéal et sa majuscule. Il faut voir aussi les limites de cette mise en scène intimidante et pétrie de sérieux au regard des procédés racoleurs dont Schmidt n’hésite jamais à faire usage. On s’en veut de revenir, une fois de plus, à cette éthique du travelling rebattue, mais la façon dont Schmidt filme le récit d’un viol, par exemple, a quelque chose de désolant : ces gros plans insistants, cette rage rentrée, et ce silence devant le Mal… n’en jetez plus : de seulement besogneux et appliqué, le film devient alors franchement pénible.