Bien avant sa sortie, La Patinoire était déjà un événement, car c’était le premier film que l’on pouvait voir avant les avant-premières, avant même les projections les plus privées pour VIP ou équipe du film. Comment ? Tout simplement en cliquant sur sa souris et en surfant sur le net. Il n’est d’ailleurs pas trop tard pour aller faire un tour sur le site officiel du film, qui, en pleine période de promo, existe encore. En effet, une webcam retransmettait l’agitation du tournage, belle mise en abîme d’une réalisation qui retrace elle-même l’histoire d’un tournage qui avait lieu, on l’aura peut-être compris, dans une patinoire. En résumé, la webcam nous montrait Jean-Philippe Toussaint en train de filmer Tom Novembre qui lui-même cinématographiait (il faut bien utiliser des synonymes…) Dolorès Chaplin, tout en se faisant filmer -dans le film- par un reporter, stop ! on s’arrête là !

Mais revenons au film La Patinoire lui-même : pour la première fois, Jean-Philippe Toussaint, « l’un des auteurs francophones les plus lus à l’étranger » nous dit le dossier de presse, n’a pas choisi d’adapter pour le cinéma l’un de ses romans à succès (La Salle de bain, Monsieur ou L’Appareil-photo) mais d’écrire un scénario original. Le point de départ est, comme souvent chez lui, un lieu-objet qui agit tel un catalyseur sur les personnages qui l’entourent. Ici, une équipe de tournage, dirigée par Tom Novembre et sa discrète et efficace assistante Mireille Perrier, investit une patinoire pour tourner une histoire d’amour entre une jeune femme, Dolorès (interprété par Dolorès Chaplin), et un joueur de hockey sur glace.

Jouant à fond sur le comique de situation et la peinture de personnages qui sont bien plus des types (la jeune starlette aguicheuse, l’acteur américain au sourire indécollable et le réalisateur lunaire et intello…) que des individus, le film de Jean-Philippe Toussaint fait mouche. Bien sûr, on imagine qu’à un moment la patinoire va fondre sous l’effet des projecteurs ou que l’un ou l’autre des personnages (tout le monde porte des patins sur la glace, du débutant au plus confirmé) va déraper et se ramasser… Bien sûr… Mais c’est tellement basique et efficace qu’en y repensant, j’en rie encore…