Si l’on devait noter le degrè d’inventivité cinématographique de La Guerre dans le haut pays, c’est vers le niveau zéro que tendrait notre appréciation. Tout, dans ce film, respire en effet un cinéma d’antan, reposant sur des idées bien réconfortantes, et sur des recettes soi-disant efficaces. Mais qu’est-ce qui a donc poussé Francis Reusser, cinéaste suisse plus connu pour des films comme Seuls, en 1981, ou Derborence, en 1984, à adapter le poussiéreux roman de Charles-Ferdinand Ramuz ? L’envie de faire revivre une époque ? Un caprice pour filmer la forêt suisse qu’il aime tant, et tourner une épopée en costumes ? Peut-être. Les motifs éventuels paraissent toutefois assez minces, une fois le film vu.
Et ce n’est pas l’histoire qui changera notre avis. Fondée sur la tradition des amants maudits, perpétuée depuis Shakespeare et son inusable Roméo et Juliette, le scénario de La Guerre dans le haut pays se veut une évocation lyrique et historique de l’amour entre David et Julie, deux jeunes habitant le même village dans le Pays de Vaud. Comme prévu, leur destin sera tragique, car à la mésentente qui sépare leurs familles respectives, se greffe un conflit plus large : celui de la lutte des troupes napoléoniennes contre les alliés de l’Ancien Régime.
Fonctionnant sur un schéma des plus classiques, le film narre avec moult détails pittoresques et pseudo réalistes, la vie d’une région dans l’ambiance révolutionnaire de la fin du 18e siècle. Il présente ainsi les défauts inhérents aux reconstitutions historiques visant une parfaite fidélité : les costumes sont trop neufs, les situations trop apprêtées, les dialogues trop « théâtreux », et le discours historique trop convenu. Malgré les efforts de Marion Cotillard (Julie) pour insuffler un peu de vie dans cette évocation quasi mécanique d’un amour brisé, rien ne suscite vraiment un quelconque intérêt. On ne saurait trop conseiller à Francis Reusser de goûter à l’aventure d’un film plus original et exigeant, au lieu de cette adaptation empesée et ennuyeuse, qui ne séduira que les férus d’histoire romande, et encore…