Naïveté cinéphilique d’ex muse avec des morceaux de nanar bien français dedans, La Disparue de Deauville est un peu tout ça et pas grand-chose d’autre. Si, quand même, au delà de sa dégénérescence absolue, le second film de Sophie Marceau (après Parlez-moi d’amour) reflète comme tant d’autres avant lui l’impossibilité d’un polar français virtuose, intelligent et décomplexé. Triste quand même, car si la copie de la star tricolore inspirent d’avantage de sympathie que Guillaume Canet, le seul et unique wonderboy par défaut du moment, elle parvient à peine à l’égaler. Comme Ne le dis à personne, beaucoup de couleurs, de métaphores foireuses, un acteur sympa (Lambert) et, surtout, une énergie de chien fou impossible à canaliser.

L’action, que les cinéastes français transforment systématiquement en patate chaude. Au départ, Sophie Marceau s’en fout, elle filme à l’épate, les yeux écarquillés devant la majesté des travelling et des plans en hélico (oh ! un palace ! ; ah ! Le Pont de Normandie !). Point de départ : Lambert, flic hanté par la mort de sa femme, découvre dans sa Volvo pourrie la copie conforme d’une star des années 60. Sans crier au nanar, on a peur pour la suite. Alors, le film cherche à construire, à étayer ses enjeux, mais explose en plein vol, vraiment trop faiblard : course-poursuite à contre sens qui peine à trouver un enjeu solide, chambre mystère aussi intrigante qu’un show de Garcimore, visions subjectives d’un Lambert (la dissolution d’un Doliprane en gros plan). Et Marceau de se changer en copiste cinéphile, qui tire la langue en plein effort maniériste – pas si simple de recopier la scène de filature de Body double au centre commercial du Havre.

Lambert lambertise, version XXIe siècle : le cheveu couleur pisse, face burinée, autodérision de rigueur, gardant sa flamme de gamin béat. Assez touchant, en tout cas unique, parce que fripé, contrarié, ringard mais toujours en vie. Parce que Lambert, voilà. En face, le personnage de Sophie Marceau peine davantage. Elle se filme en femme fatale comme une fillette se déguise en princesse : créature si stylisée, si grossièrement conforme au modèle déposé que le fantasme surpasse l’incarnation. Sa mise en scène est un peu comme ça d’ailleurs. On en revient à l’action : le film regorge d’envies, d’idées, sans jamais pouvoir les convertir, comme s’il se distrayait lui-même ou s’affolait dès qu’il s’y atèle. C’est que la cinéaste recherche l’instinct, l’hommage et la consécration, valse à trois temps trop emberlificotante. Alors, l’instinct surnage, candeur forcément pitoyable puisque lardée d’ambitions démesurées. Sommet de pathétique : les gros plans vidéos sur petites culottes enfantines tournés par un gros vicieux (Robert Hossein). Pas de style, pas de trouble, aucune perversité, juste une intention, un abatage, plantés là, tous nus, dans le néant.