Disons-le de suite, L’Autre monde fait partie de ces films qui ne sont pas au diapason de leurs louables intentions de départ : ici, filmer l’état de guerre civile en Algérie. Le cinéaste Merzak Allouache (Bab-El-Oueb-City) a donc choisi de revenir dans son pays natal pour tenter de mettre en images les tristes événements qui ponctuent régulièrement l’actualité. A travers la quête de son héroïne, partie chercher son fiancé disparu après s’être engagé dans l’armée algérienne, il entre en profondeur dans un pays rongé par la terreur que font régner les commandos d’islamistes fanatiques. Ce sujet d’actualité est assez bien traité par Allouache qui évite de tomber dans le pathétique ou la surenchère. A travers le regard de Yasmine, jeune Française d’origine algérienne, on s’immerge peu à peu dans une Algérie que l’on n’a pas l’habitude de voir et dont on ressent la dangerosité à mesure que l’on s’éloigne des grandes villes, vers des contrées plus reculées. D’où vient alors cette impression d’inachèvement qui plane tout du long sur L’Autre monde ? Peut-être du didactisme d’un film construit comme une démonstration trop exemplaire, malgré un surprenant et tragique revirement final.

A l’instar de Kandahar de Makhmalbaf dont il évite quand même la joliesse douteuse des images, L’Autre monde est dans son ensemble un film « scolaire » vraisemblablement à l’usage des Occidentaux friands de fictions en rapport avec des sujets d’actualité « brûlants ». Si Allouache a le mérite d’avoir planté sa caméra là où peu de cinéastes s’aventurent, sa mise en scène ne parvient que très rarement à être à la hauteur des faits rapportés. Le jeu souvent approximatif des acteurs confère au film un petit côté amateur qui nuit aux ambitions de l’auteur. Allouache n’est ainsi pas très à l’aise quand il s’agit d’organiser les retrouvailles entre Yasmine et son ami. Il s’égare aussi dans la description pas toujours très fine des habitants de l’auberge perdue dans le désert où les deux soldats ont trouvé refuge. L’Autre monde a sûrement demandé beaucoup de courage à Merzak Allouache, malgré tout, il prouve une nouvelle fois que les meilleures intentions ne font pas les meilleurs films.