Un moyen métrage qui sort en salle, c’est, a priori, une bonne nouvelle. On présume qu’une telle entreprise annonce, si ce n’est la révélation d’un cinéaste, du moins une démarche ambitieuse. Devant L’Arche de Noé, difficile de ne pas déchanter. S’inscrivant d’emblée dans une tendance naturaliste, Philippe Ramos joue la carte plutôt rare et méritante du marivaudage paysan. Antoine, un jeune veuf, recueille chez lui une inconnue, Joséphine, qui vient de quitter son amant et ne sait plus où trouver refuge. A force de nourrir les lapins ensemble, les deux êtres se rapprochent. Mais Joséphine tombe amoureuse de Noé (Philippe Garziano, vu dans Les Passagers de Jean-Claude Guiguet), le sourcier du village…

Comme postulat on a vu pire, mais rien n’est là pour élever un tant soit peu le propos ou embarquer le film vers des sphères plus singulières que cette chronique finalement fière de ses idées anodines. Une banalité qui trouve en plus le moyen de sonner faux : les comédiens amateurs paraissent mal à l’aise, et le personnage de Joséphine ressemble à une Parisienne en goguette dans la cambrousse. Il faut la voir chercher à s’adapter en se baignant à poil ou en rajoutant des « peuchère » lorsqu’elle achève ses phrases. On doute que ces moments ridicules soient issus d’une quelconque volonté comique. Quant à la distance adoptée par la réalisation, elle ne produit ni sens ni picturalité (le cadre est d’une grande pauvreté). Les acteurs sont filmés de trop loin, et c’est tout. Un constat qui vaut tout aussi bien pour le court métrage qui accompagne cette Arche morne et sans le moindre déluge. Dans Ici-bas, un jeune prêtre a une liaison avec une touriste un peu nympho. Des années plus tard, les amants se retrouvent, mais elle est désormais mariée. Alors, il se suicide. C’est vain, mal joué, sentencieux, au point que L’Arche de Noé, à côté, réussirait presque à divertir.