En juillet, le cinéma français souffle sur l’étincelle sociétalo-estivalière de Nos enfants chéris, petit succès de l’année 2003 érigé en étalon de la comédie trentenaire, et adapté sous forme de série télé sur Canal. 2007 voit un autre bouleversement : Elodie Bouchez passe officiellement de muse pour post soixante-huitards illuminés (Erik Zonca, Jean-Marc Barr) à serveuse de comédies VVF. La voilà donc affublée de deux chiards (que le temps passe vite, Les Roseaux sauvages, ça nous semblait hier) qu’elle trimballe pour des vacances mouvementées dans le sud.

Fraîchement séparée de son mec (Eric Savin, le patron sitcomesque de Fair play), Bouchez gare son break devant une masure ami-Ricoré très crasseuse – justifiant, c’est logique, un grand nettoyage qui exacerbe des tensions sociologiques insoupçonnées (glandeurs vs boy-scouts). Ses meilleures amies maintenant : la mère-la-morale lymphatique (Valérie Benguigui, pendant féminin d’Eric Savin, en mieux), flanquée d’un mari un peu con (Lionel Abelanski), la mère-copine, célibataire et fumeuse de pétards (Axelle Laffont, bof). Et les enfants ? Peste, braillarde, ado à mèche, bonne bouille fragile, il y en a pour tous les goûts. Anne Fassio ne choisit pas d’ailleurs ; au pire, elle s’en fout des gosses, qu’ils aillent jouer ailleurs. Ce qu’ils font, au point de disparaître à moitié de l’écran. Je déteste les enfants des autres ! applique son titre à la lettre. Point de vue parental donc, point de vue vacancier aussi : sortons les claquettes, le pastaga et les serviettes ? Au mieux, jouons les Dolto en mode gueule de bois.

De cette désinvolture traduite en caméra légère (pas de séquences, juste des tableaux gribouillés : à la rivière, au canoë kayac, à la supérette) émerge un canevas rachitique où l’académisme le dispute au néant total. Académisme : recherche d’identification en forme de foire aux bestiaux où Bouchez, vedette sacrificielle, serait à la fois le guide et le meilleur spécimen. Néant total : anarchie à la petite semaine se résumant à étioler un art de vivre néo-baba (pauses pétards, combats de ketchup-mayo, baise et naturisme pouffant) ainsi qu’à égrainer une intrigue falote. D’où un retour mécanique à l’académisme : on s’arrime à l’étude de caractères, à la petite phrase qui tue, au Kinder de Proust. La boucle est bouclée ? Oui.