Adapté d’une histoire vraie, véritable caution morale du film, Hurricane Carter évoque le long combat pour la liberté de Rubin « Hurricane » Carter, un célèbre boxeur injustement emprisonné à perpétuité pour un triple meurtre. Disons-le de suite, ce n’est pas le traitement formel de cette histoire qui a retenu notre attention. Filmé de manière ultra-conventionnelle, Hurricane Carter fait partie de ces blockbusters hollywoodiens qui mêlent biopic et cause d’intérêt national. Tout est donc fait pour ériger Rubin Carter en exemple, voire en saint, ce qui n’est pas sans éviter un manichéisme primaire caractéristique de Hollywood. D’un côté, Rubin et ceux qui l’ont aidé ; de l’autre, les flics véreux, les cambrioleurs parjures, et la mafia !

Paradoxalement, le film réussit à nous convaincre par-delà ce simplisme grâce à son histoire, véritable mine d’or capable de tirer la larme à n’importe quel gros dur. Comment ne pas vibrer quand le réalisateur fait s’accumuler selon un rythme régulier très efficace des scènes illustrant l’injustice que subit le héros ? Au bout de 2h20, on en ressort avec l’impression d’avoir assisté au chemin de croix du Christ et nos sens sont tellement exacerbés que le happy end en devient salutaire. On l’aura compris, Hurricane Carter joue avec nos émotions plus qu’avec notre intellect. Malgré tout, la naïveté de certains propos du type « La haine m’a jeté en prison, l’amour m’en fera sortir » ou de certains éléments du récit (les références à la Bible via le personnage de Lazare pour insister sur la relation père-fils qui unit le jeune admirateur et le boxeur) installe une distance qui permet de recouvrer toute notre objectivité devant ce chantage aux sentiments.

Restent alors quelques éléments épars comme l’évocation du climat raciste qui sévissait pendant les années 60 aux Etats-Unis, contexte toujours salutaire à rappeler par les temps qui courent ou bien l’agréable bande-son, composée de chansons de l’époque (notamment « Hurricane » de Bob Dylan) et de morceaux de soul et de jazz qui créent un climat étonnamment zen. Au final, Hurricane Carter démontre une nouvelle fois l’ingénuité des Américains qui croient pouvoir racheter les erreurs de leur justice par la réalisation d’un film rédempteur. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’un biopic d’Odell Barnes soit déjà en cours…