Un peu de nostalgie et beaucoup d’indulgence envers nos penchants cinématographiques d’ado suffisent à rendre les premières aventures d’Highlander tout à fait regardables. Dommage que Christophe Lambert n’ait pas su faire sien le credo de l’immortel Connor MacLeod « there can be only one ». Au lieu de succomber à une belle mort cinématographique, il a préféré opter pour la célèbre réplique de Schwarzie (« I’ll be back »), devenant ainsi le héros de plus en plus vieillissant d’une flopée de suites à ces aventures fantastico-kitsch à travers les siècles. Sauf qu’ici on n’est pas chez Coppola, et qu’il ne s’agit donc pas de débattre de l’éventuelle supériorité d’un volet de la saga sur une autre mais de constater simplement leur commune indigence. Et après les numéros 2 et 3, le quatrième volet ne fait en aucun cas exception à la règle.

Que dire de cet océan de médiocrité où se côtoient combats à l’épée et kung-fu version Matrix du pauvre, motards à la Mad Max et top model dénudé ? On se borne seulement à constater l’unique nouveauté de cet univers dégénéré : la présence d’Adrian Paul, l’équivalent télévisuel de Christophe Lambert. Il faut dire que plus de 15 ans séparent le premier épisode de celui-ci et Lambert, tout immortel qu’il est, a pris un sacré coup de vieux. A mille lieux du jeune homme gaillard au faîte de sa gloire, il est devenu un acteur hagard, usé, qui doit tout de même s’interroger (on l’espère) sur ses dizaines de films qui atterrissent irrémédiablement dans les bacs des solderies vidéo. Fatigué de sa condition d’immortel (et avec un peu de chance lassé du rôle), il traverse le film tel un somnambule.

Un peu plus jeune, un peu moins moche, on gagne plutôt au change avec Adrian Paul, sauf que l’intrigue déjà passablement absconse (chaque épisode de la saga contredit l’autre) devient tout simplement incompréhensible puisqu’il faut y intégrer l’acquis télévisuel du nouvel héros. Comme il se doit, le méchant passera de vie à trépas et « il n’en restera qu’un seul ». Devinez lequel, l’athlétique Adrian Paul ou le quasi grabataire Lambert ? Que les fans soient rassurés, en bon businessman Christophe(r) a su diversifier ses activités. D’après une récente émission télé, il s’occupe, entre autres, de restauration. Il a bien raison : navets et plats préparés ont toujours fait bon ménage.