On avait tout faux avec nos pronostics sur les premiers blockbusters bourrins de l’été. D’un côté, on ne misait pas un kopeck sur Wanted, grand tour de montagne russe post-Matrix par le responsable de Day watch / Night watch. De l’autre, malgré une méfiance légitime envers le balourd Peter Berg (qu’on nous explique, au passage, ce que fait un cinéaste aussi fin que Michael Mann aux commandes de la production), on aimait bien, sur le papier, le sujet de Hancock. Raté. Wanted a beau peser un peu sur l’estomac, il se révèle d’une générosité et d’une inventivité auxquelles on n’était plus habitué – on y revient en temps voulu. En avance d’une semaine dans le calendrier, Hancock est mal foutu, mou, moche, et surtout il se révèle le film le plus antipathique vu depuis longtemps.

Deux mots sur l’histoire, puisque nous fûmes, a priori, séduits par l’idée. Will Smith joue une espèce de super héros / anti-héros clochardisé, alcoolo et guère courtois, semant une pagaille monstre à chaque fois qu’il s’acquitte de sa tâche entre deux cuites, et qui va finalement consentir à mettre les formes après avoir été pris en mains par un expert en com’. Difficile de résister à pareil argument, entre promesse de Watchmen ludique, et déclinaison gueule de bois de l’éternel roman d’apprentissage en quoi consistent les films de super héros. Le problème est que, sous le second degré de façade (Will Smith, qu’on aime bien ailleurs, est insupportable ici), le film n’oppose finalement aucune ironie à cette proposition de départ : sous la pression générale, le punk rentre dans le rang, sans que personne n’y trouve rien à redire. Et voilà, c’est tout. C’est tout, et c’est toute l’épaisseur de Hancock, pas moins édifiant que n’importe quel programme de real-tv dédié au relooking : celle d’un prospectus miteux pour les vertus du social engineering.

L’affaire est pliée après la première moitié du métrage, par ailleurs gravement empotée et redondante, et tandis qu’on commence à le comprendre, le récit tente un virage et en remet une couche. Amnésique, le super-clodo réalise que la femme de son coach est en fait sa propre moitié, depuis la nuit des temps, puisqu’elle est pareillement dotée de super pouvoirs. Là aussi, il y avait une idée assez belle : le hic est que, réunis et amoureux, les supers amants perdent leurs facultés, réduisant d’autant leurs chances de sauver le monde. Moralité : c’est Madame qui s’est inclinée, incognito, troquant son super-destin pour un autre, derrière les fourneaux d’une banlieue pavillonnaire. On n’a rien, sur le principe, contre les films réac (à l’extrême, on avait bien aimé 300), mais là, pardon, c’est juste pathétique.