Vous allez entendre, clame le titre original de ce documentaire, « a different story ». Soit Michael, George, la face caché de ce popotin serré dans un jean taille haute et surmonté d’un perfecto modèle 87, ce postérieur que l’on vit tous remuer façon Elvis sur nos écrans de tévé en ces après-midi de la même année 87, et qui fit le bonheur de Marc « salut les p’tits clous ! » Toesca lorsqu’il atteignit la tête du top 50 en chantant sa Faith. Les fesses de Faith, le I want your sex chuchoté très fort, c’était, bien davantage qu’Elmer Food Beat, le signe d’un passage à l’âge adolescent. Et pour George Michael, chanteur, leader de l’archi-ringard Wham !, l’accession au rang de super star / sex symbol. Des faubourgs de Londres aux clips-vacances de Wham ! (dont le parolier est toujours en cavale, regardez-moi ça), des concerts de 100 000 personnes (où même le tout Paris s’étonne) aux pissotières de L.A. qui lui valurent l’opprobe publique, avec comme fil rouge un brushing éthéré et une barbe délicatement taillée, attributs capillaires jamais vraiment reniés, voici l’histoire de Georgios Kyriacos Panayiotou, alias George Michael.

Le doc de Southan Morris est un excellent film d’entreprise. Qui s’échine à prendre, à l’image de son sujet, le contre-pied du star system. Non que George Michael : mon histoire révolutionne les procédures du documentaires, non. Pas même celles du doc tévé style Fan de…, puisqu’il ne s’agit là que de l’ordinaire de ces opérations promo sur la choucroute au rayon variétoche. Le film a pour ingrédient un traditionnel mélange archives / interviews, côté scène et côté coulisses, éloges de toutes parts et révélations fulgurantes (« par exemple, un soir je suis allé chez lui et il m’a ouvert en peignoir, alors je me suis dit « super, George est cool » », dixit un proche). Seul un autre George, Boy de son prénom, lâche sous make-up quelques méchancetés sur le plus grand chanteur à minettes du monde, qui se trouve être tout ce qu’il y a de plus gay.

Le véritable tour de force du film est bien davantage sa manière de construire son personnage à destination des non-initiés. On y découvre un George Michael hyper sympa, allergique au cirque de la promo, de la télé, de l’amour des fans. Un homme brisé par un double deuil (de son compagnon, puis de sa mère). Un artiste qui entend faire valoir son droit à l’indépendance créatrice (il avait collé un retentissant procès aux fesses de sa maison de disque). Et qui dit tout ça depuis son canapé, sympa George, pas si bête. Mais pipeau que tout cela (non que Georgios Kyriacos Panayiotou soit sincère ou non, cela on s’en fiche pas mal), car l’ambiance cosy où baigne le film n’est que machine à fabriquer le vrai de l’émotion en soustrayant la parole de George au concert de banalités livrées par les interviouvés. Moment de vérité : quand Michael parle, le film se tait. Pour un rétif à la promo, GM organise finement la sienne. Docu-pub pour lui, le film le laisse s’expliquer sur ce qu’il veut faire comprendre, s’excuser pour ce qu’il veut se faire pardonner, etc. Que vient faire cette communication interne, officielle, sur grand écran ?