Gamer ou le cauchemar du tout virtuel, du scénario au réalisateur, qui a préféré emprunter un pseudo (celui de sa jeunesse passée à squatter les bornes d’arcade) plutôt que de signer cette méga-daube sous son nom officiel (Patrick Lévy). On le comprend, car y a pas à dire, ce film, c’est la honte. On y suit les aventures de Tony, un beur d’une vingtaine d’années (Saïd Taghmaoui), forcément caillera et obsédé par la PlayStation 2. A la suite d’un dérapage (une course-poursuite contre les keufs sciemment provoquée), notre héros se retrouve en prison pour huit mois. Là, entre une série de pompes et un Mortal Kombat avec son coloc’, Tony développe le concept d’un jeu vidéo révolutionnaire. La réussite est proche, mais c’est sans compter sur Valérie Fisher (Arielle Dombasle), directrice de la société Gamestart et bien décidée à voler l’idée de ce post-ado mal dégrossi.

Le pauvre Zak Fishman accumule les amalgames craignos. Les jeunes ? De grands naïfs incultes ou des larves débiles. Leur monde ? Ordis, cul, Lara Croft. Leur ambition première ? Se faire un max de thunes. Et ils ont bien raison, semble nous dire le film, qui illustre sa morale néocapitaliste en se vautrant dans un torrent d’images 3D sorties des pires démos imaginables. On appelle ça un « divertissement ». Qu’est-ce que ça signifie ? Qu’aujourd’hui, pour amuser « la populace », il faut impérativement niveler par le bas, créer des personnages stéréotypés afin que ces cochons de spectateurs puissent s’identifier, imposer une sorte de frénésie surfaite, une couche visuelle submergée de plans hideux et de dialogues à la pauvreté confondante ? Toujours plus loin dans le bruit et la facilité, le vulgaire et la castagne, sans une seule idée de mise en scène, sans une once de cinéma. Véritable sirène dans cet océan de merde, Arielle Dombasle finit également par être réduite à de la charogne numérique à l’issue d’une stratégie mal négociée. C’est pourtant elle, avec son ton fourbe et doucereux (de l’expression, enfin !), que l’on aurait aimé voir triompher. Et même si l’actrice ne semble pas trop y croire, elle seule fait jaillir un peu de vie à travers son rôle de salope arriviste qui se rêve en Barbarella pixellisée.