Il y a parfois des films tellement passionnants que l’on ne ressent pas la volonté d’écrire dessus mais juste de s’exclamer : « C’est superbe ! ». Il y en a d’autres qui méritent de longues discussions pour confronter des points de vue, tenter de dénouer la complexité du film. Certains dont on se moque et qui nous laissent totalement indifférents… Et puis, il y a Folle d’elle, qui est un film tellement vide de sens, creux et insipide qu’il en devient passionnant et mériterait des discussions argumentées, le sourire aux lèvres. Voici un film conçu pour le public adolescent, dont la date de sortie a naturellement été choisie en fonction de la Fête du cinéma qui aura lieu fin juin et qui en dit long sur l’amalgame évident entre création cinématographique, comédie, marketing, public visé, promotion et vedettes.

Un an après Bouge, Jérôme Cornuau -qui répète sans cesse son admiration pour Welles, Kubrick et Murnau (!)- a décidé de tourner son film en Californie, décor à son goût plus cinématographique. Le terme de « clip » conviendrait mieux vu le nombre de séquences accompagnées de « musique pour jeunes ». Le scénario perd tout intérêt en, montre en main, 10 minutes. L’histoire de ce journaliste baroudeur, qui décide de se faire passer pour un homosexuel afin de séduire une femme d’affaires, possède un canevas grossier, servi par des dialogues indescriptibles et des acteurs d’un cabotinage affligeant (Barr courant sur une terrasse en « faisant la folle »…). Une seule idée motive le film et tout a pour but d’introduire les séquences musicales, avec décors de cartes postales, vêtements différents pour chaque scène, argent qui vient d’on ne sait où. Le plus incroyable vient de la lecture du générique qui annonce trois scénaristes, deux dialoguistes, d’après une idée originale d’Alain Gillot.
« Idée » ? « Originale » ? Ca a du se perdre dans la réalisation…