Pour De Palma : Carlitoss way, Mission : Impossible, Snake eyes ; pour d’autres : Spider-man, La Mort vous va si bien, La Guerre des mondes (le prochain Spielberg) : de David Koepp, on connaît les grandes œuvres scénaristiques, moins les réalisations, Réactions en chaînes et Hypnose. Pas étonnant, Koepp est un cinéaste modeste, officiant sans complexes dans la série B, dont les films ne cherchent qu’à exploiter des canevas connus en y introduisant quelques petites variations. C’est d’emblée une position qui lui vaut notre amitié, tant manquent à Hollywood de tels cinéastes, à mi chemin du faiseur et du petit maître, une sorte d’artisan tout sauf anonyme. A l’image d’Hypnose -efficace, carré, tenu de bout en bout, pas roublard pour un sou-, Fenêtre secrète séduit par son côté thriller fonctionnel, pratique à l’emploi. Pas d’ego surdimensionné ici, mais simplement un cinéaste qui s’efforce d’améliorer la banalité de son intrigue par une foule de petits tours de passe-passe.

Reste que le film évolue un ton en dessous de son prédécesseur. Tiré d’une histoire de Stephen King, donc pas follement recherché au niveau de l’intrigue, Fenêtre secrète met en scène Johnny Depp en chevelu écrivain, traînant de son canapé à son frigo, du foutoir de son salon à son bureau, enveloppé dans une vieille robe de chambre miteuse, en plein divorce, en pleine déprime, en plein syndrome de la page blanche. Lorsqu’un bouseux du Mississipi frappe à la porte de sa maison -forcément isolée en pleine nature- en brandissant une nouvelle qu’il reproche à Depp d’avoir plagiée, le Stephen King en panne d’inspiration voit sa vie virer au cauchemar. Chien assassiné, menaces de plus en plus précises sur sa futur ex femme : allez, pas de mystère, on voit le coup de théâtre venir à des kilomètres. Comme si Koepp se méfiait tellement de l’effet de manche et du scénario réversible façon petit malin sans envergure qu’il sacrifie sans état d’âme son récit, congédiant le deus ex machina -grossier il est vrai, et que le cinéaste semble refuser de cautionner. Koepp s’intéresse moins au revirement de la narration qu’au travail de fourmi de la mise en scène. En cela, Fenêtre secrète fait songer à Apparences de Zemeckis, auquel il s’associe dans l’éloge des petits gadgets presque gratuits mais pas tout à fait : mini-trucages, légères audaces dans les mouvements de caméra, etc. Un petit sac à malices plutôt frais pour un très honnête film de série.