Bientôt perdu dans la filmographie pléthorique de Johnnie To, Exilé est si ouvertement superficiel qu’il n’impose aucune conclusion. Sinon celle qui viendra renforcer une certitude : le cinéma de Hong Kong, c’est avant tout une chaîne d’assemblage industrielle, du travail d’usine, solide, routinier, implacable, parfois suffocant, facilement aliénable, donc potentiellement aliénant. Ne pas chercher d’enthousiasme dans ce nouveau chassé-croisé de bandits d’honneurs. En duels devant la maison d’un des leurs, qu’une première paire protège, que la seconde menace de dessouder. En bande, autant réunis par l’appel de la bouffe que de la géométrie camarade (les amis de mes ennemis sont nos amis), face à l’employeur déçu, un gros parrain excité.

Du To quoi, à deux doigts du TOC, voire du toc. Voire du tic. Des plans qu’on retrouve intacts, un découpage idoine, une manière bien connue d’accélérer le récit puis de le figer dans la seconde. Le style, c’est clair, bouffe tout. Moins une griffe qu’un entonnoir, où n’importe quelle thématique se trouvera compostée tout pareil. On la connaît par coeur, la To’s touch et pas un film ne se distingue d’un autre. Au mieux on mesure le degré de perfection du dispositif (PTU ? The Mission ?), au pire, on botte en touche, optant pour l’ouvertement inoffensif (Breaking news).

Au fond, To donne dans la fuite en avant, idée appliquée au pied de la lettre, à pile ou face devant un carrefour pour déterminer si à gauche, à droite, ou tout droit. Puis un autre gunfight, un running gag, une promesse de magot ou pas, une séquence à articuler à la manière d’un Tétris : les espaces se retournent, s’inversent puis s’emboîtent (partie gagnée, essaie encore) et ainsi de suite. Ah si, une nouveauté quand même : l’action se situe dans le quartier colonial de Macao. Ambiance western-spaghetti. D’un point de vue touristique, c’est très joli.