Après une multitude de dessins animés plus ou moins géniaux réalisés depuis les années 50, les studios Warner Bros se sont enfin lancés dans la création de longs métrages d’animation. Ceci, en inaugurant, en 1994, un nouveau département qui leur est totalement consacré. Sorti en 1996, Space Jam – mêlant animation et prises de vue réelles- fut la première création de ces studios. N’arrivant tout de même pas à la cheville du magnifique Roger Rabbit, ce film avait le mérite de faire revivre un soupçon de l’hallucinante débilité créatrice des maîtres du cartoon de la grande période Warner : Tex Avery, Chuck Jones, Fritz Frieleng…

Excalibur, l’épée magique de Frederik Du Chau est le second long métrage sorti tout droit de ce département d’animation. D’un film à l’autre, un énorme pas a été franchi… Contrairement à Space Jam, qui laissait encore entrevoir le caractère des Looney tunes, Excalibur l’a complètement laissé tomber. Au profit de quoi ? D’un esprit digne des Walt Disney les plus cons, d’une jolie histoire baveuse et d’insupportables séquences chantées… Vendu dans de jolies boîtes, l’amour factice à faire bouffer d’un trait aux enfants fut inventé par Disney. C’est encore aujourd’hui un bon procédé pour faire tourner la machine à fric. La Warner s’est donc finalement décidée à suivre le mouvement, en rangeant les meilleurs talents du passé au fond de sa poche, pour produire une saloperie abrutissante assaisonnée de chansons de Céline Dion.

La formule reste la même que chez ce bon vieux Walt : une histoire célèbre est reprise et défigurée afin de donner naissance à un film qui finit bien, « se marièrent et eurent beaucoup d’enfants ». Nous avons donc ici droit à une très libre interprétation d’une histoire des chevaliers de la Table Ronde, remaniée à coups de dragons qui se prennent pour Elvis et de robots lanceurs de haches sortis tout droit d’explosions fluorescentes.
Naturellement, le méchant est celui qui possède la plus sale gueule et il finira désintégré dans une explosion foudroyante (normal, il a une sale gueule). Puis, au bout du compte, le chevalier embrasse la jeune héroïne, tout le monde est heureux dans le royaume du roi Arthur et Céline Dion revient nous briser les tympans. Abrutir le public avec ce genre de produit relève d’une stratégie des plus simplistes, et le résultat laisse apparemment -aux vues de la vente des dérivés qui suit la sortie des films- de nombreuses séquelles chez les enfants. Disney a trouvé un concurrent de taille, le concours du film le plus crétin est donc lancé… Vivement le prochain Wallace & Gromit, ça nous rafraîchira le cerveau.