Les élections battent leur plein dans une Irlande du Nord indépendante. Le consensus règne, et Michael Brinn (Robert Lindsay), candidat démago qui tire sa légitimité du fait d’avoir été blessé dans un attentat à la bombe, semble bien parti pour être élu au poste de Premier Ministre. Tout irait donc pour le mieux si Dan Starkey (David Thewlis), journaliste gaffeur et alcoolique notoire, n’avait pas couché avec Margaret (Laura Fraser). Cette petite aventure aurait dû être sans lendemain mais elle prend une tout autre tournure lorsque Margaret, ex-petite amie de Pat Keegan (Jason Isaacs), membre de l’IRA, et fille du porte-parole de Michael Brinn, est assassinée. Accusé du meurtre, Dan Starkey se trouve embarqué dans une course-poursuite rocambolesque où il est à la fois traqué par la police, l’IRA et la milice protestante. Divorcing Jack a le mérite d’aborder le problème irlandais par le biais de la comédie noire : point de plaidoyer bien-pensant en faveur des victimes de l’affrontement entre catholiques et protestants, mais un humour grinçant assez réjouissant. Voir, par exemple, la scène où Dan croit entendre l’assassin de Margaret dans l’escalier ; il se précipite et renverse la mère de la victime, lui brisant le cou. Dommage que David Thewlis en fasse des tonnes dans le registre du paumé qui veut battre le record du nombre de canettes de bière éclusées à la minute. Son cabotinage éthylique devient vite lassant, d’autant plus qu’il est relayé par une mise en scène peu inspirée : la soûlographie de Dan est traduite à l’écran par des cadrages décalés ou encore une caméra qui tangue sur son axe.

Heureusement, Dan, emporté par les événements, n’a plus le temps de jouer au pilier de comptoir et le jeu de David Thewlis y gagne en sobriété. Demeure alors une comédie frivole, mais qui ne prend pas, non plus, réellement parti. Michael Brinn est en réalité un ancien poseur de bombes et Pat Keegan est avant tout motivé par l’argent et non une noble cause. Divorcing Jack renvoie donc dos à dos catholiques et protestants ; « Tous pourris » serait le message un peu simpliste de ce petit film britannique.