Dans un coin perdu du Mexique, une communauté religieuse attend avec joie et impatience la fin du monde. Mais l’Apocalypse tarde et la prêtresse de « La Nouvelle Jérusalem » agonise. Juste avant de mourir, elle désigne une jeune fille pour lui succéder… ce sera le début de la décadence.

A priori l’univers des sectes millénaristes ne pouvait que convenir au cinéaste de la claustration qu’est Arturo Ripstein. Mais si jusqu’à maintenant il avait toujours su renouveler les enjeux d’une thématique de l’enfermement omniprésente dans son œuvre -notamment à travers de superbes mélodrames-, cette fois son exploration de ce « lieu-prison », empli de reclus volontaires, tourne à la démonstration. Car Divine… (basé sur des faits réels) ou le manuel du parfait petit Ripstein ne fait que compiler et systématiser certaines figures déjà largement exploitées dans ses films précédents, en particulier le plan-séquence et une esthétique de l’accumulation. Un véritable carcan stylistique dont le cinéaste n’arrive jamais à se départir et qu’il met uniquement au service d’une lourde parabole sur le Mexique. Un pays perpétuellement en crise où la religion donne l’illusion d’un monde meilleur aux déshérités et aux marginaux. Chaque image, lestée de lourds symboles, enfonce le même clou, et à force de redondance perd toute sa force. Elles ne sont plus que purement décoratives, le vaste dépotoir d’un bric-à-brac d’objets censés représenter la civilisation de la consommation : poupées Barbie, jeux vidéo, etc. De ce chromo particulièrement chargé affleure, rarement, une idée -par exemple, le fait que la secte conçoit le cinéma comme parole d’Evangile. Ainsi les adeptes de « La Nouvelle Jérusalem » s’inspirent des films bibliques hollywoodiens pour leurs vêtements et accessoires. Mais c’est bien peu pour un film qui est avant tout le lieu de tous les ressassements stylistiques et thématiques de son auteur.

Présenté au Festival de Cannes en 1998, le film ne sort en salles que maintenant. Un tel retard à l’allumage ne peut se justifier uniquement par une distribution défaillante mais bien par le fait que Divine… est une œuvre plus que mineure.