Première réalisation d’un acteur de prestige, Dancer usptairs fait tout pour prendre à contre-pied les attentes du spectateur venu voir le film d’une « vedette ». En déportant son sujet et son décor vers l’Amérique du Sud du siècle dernier, dans une contrée menacée par une guérilla secrète (inspirée du Sentier Lumineux péruvien), Malkovich s’arroge le rôle du metteur en scène visionnaire et politique, tel un Costa Gavras mal documenté, message historico-humanitaire en moins.

L’inspecteur Agustin Rejas (Javier Bardem, très appliqué mais convaincant) est confronté à des signes inquiétant : des chiens pendus aux réverbères de la capitale, accompagnés de messages présageant une révolution. Un certain Ezekiel, conspirateur sanguinaire, semble en être l’auteur. Opposé aux méthodes brutales et crapuleuses de ses supérieurs, Rejas tente de mener à bien l’enquête. Marié et père d’une petite fille, il rencontre la belle Yolanda, mystérieuse prof de danse à laquelle il ne résiste pas…

Malkovich a mené avec honnêteté ce premier film : le récit se déroule sans heurts, selon une trame narrative solide bien qu’un peu lente. L’histoire se tient, le casting fonctionne. Une sorte de minimum syndical artistique, mais qui hélas, ne sauve pas Dancer upstairs de quelques tares rédhibitoires. D’abord, la légitimité de Malkovich à traiter ce sujet (somme toute grave, il s’agit à peu près de l’histoire politique récente du Pérou) sur lequel il n’en sait visiblement pas plus long que nous, se contentant de vampiriser le travail d’un écrivain scénariste (Nicolas Shakespeare), véritable auteur du film. Embarqué pour une histoire lointaine et désincarnée, le spectateur est dans la situation du passager anxieux qui se demande qui est à la barre. Ensuite, on regrettera les approximations de la mise en scène et sa désespérante mollesse. Du coup, bien vite on se lasse, impatient, désorienté. Le charme de Laura Morante et le regard douceâtre de Javier Bardem n’y changerons rien. A mi parcours, on a plus qu’une envie : quitter la salle.