Comédia infantil se déroule au Mozambique durant la guerre. Un jeune garçon gravement blessé est recueilli par un boulanger à qui il va raconter toute son histoire avant de mourir… Dès le premier panneau du générique, la cinéaste suédoise Solveig Nordlund nous dévoile son attrait pour une mise en scène de la complaisance excessive, voire de la démagogie. La caméra nous fait un plan serré sur les pansements blancs du petit garçon, le sang s’y répand pour remplir petit à petit et uniformément l’écran d’un rouge vif, sur lequel vient se greffer le titre accompagné d’une musique poignante…

Rien de bien inattendu pour la suite, la réalisation et la narration de Comédia infantil restent du même style. Les scènes difficiles sont racontées de manière on ne peut plus tragique, et Nordlund tient apparemment à influencer les jugements du spectateur en le prenant (maladroitement) par les sentiments. Ainsi, elle s’arroge le droit de nous montrer le meurtre d’un bébé, par des plans insistants sur l’auteur du crime en train de sourire (les cris incessants de la mère en arrière-fond). La cinéaste nous offre aussi plusieurs séquences de dialogues -quasi théâtrales et totalement irréalistes- entre le jeune Nélio et son sauveur le boulanger ; données à voir comme séquences de transition pour un montage alterné lourdingue, sur lequel repose l’intégralité du film. Néanmoins, toutes ces scènes déchirantes sont fréquemment entrecoupées par d’émouvants moments de joie, de complicité amicale entre les jeunes enfants des rues qui tiennent le premier rôle de son film… Peut-être pour nous rappeler que nous sommes tranquillement installés dans notre siège de cinéma, et qu’on a aussi le droit de prendre du bon temps… Histoire de pousser le bouchon encore plus loin, Nordlund termine son film en nous forçant à avaler ses envolées lyriques surréalistes d’un goût douteux. Il n’y a qu’à voir la scène du théâtre, qui se situe entre rêve et réalité, où les enfants miséreux, enveloppés dans des draps de satin bleu, croient revoir leurs parents dans le rétroprojecteur qui les aveugle…

Sans grande surprise, le jeune Nélio meurt à la fin du film. Son ami le boulanger l’incinérera dans son four, pour mélanger ses cendres à de la pâte et ainsi faire des croissants qu’il distribuera aux autres enfants du village. Juste pour donner une touche d’espoir, en insinuant que ce Jésus-Christ du petit-déjeuner restera toujours en chacun de nous… Il aurait été difficile de faire plus larmoyant, plus crétin. En racontant une histoire d’enfants des rues relativement similaire, Thérésa Villaverde avait fait preuve -avec Os mutantes– de bien plus d’intégrité et de sobriété en matière de réalisation.