Petit film d’horreur fauché, Christina’s house reprend les recettes éculées du genre sans le second degré auquel nous a récemment habitués la trilogie des Scream et ses succédanés. C’est donc le plus sérieusement du monde que Gavin Wilding nous offre cette improbable variante teenage de La Maison du diable. Habitué à plus d’ironie, le spectateur, d’abord sceptique, peut très vite se laisser aller et prendre un vrai plaisir à voir défiler sous ses yeux un florilège outrancier des classiques de l’angoisse.
Comme le titre du film l’indique, l’action se déroule la plupart du temps dans un seul décor : la maison de l’héroïne. Christina vient d’emménager avec sa famille dans cette vaste demeure à l’architecture austère et chargée d’histoire. Coincée entre un père rigide qui la surveille d’un peu trop près et un petit frère exaspérant, celle-ci a du mal à vivre ses premiers émois adolescents et, en particulier, à juguler les avances pressantes de son petit ami. Entre-temps, des jeunes filles disparaissent mystérieusement et un cadavre est retrouvé près de la maison… Alors que le film passe son temps à multiplier grossièrement les fausses pistes sur l’identité de l’éventuel meurtrier -le père légèrement incestueux, le petit ami jaloux, le shérif à l’allure inquiétante-, le spectateur peut tranquillement procéder par élimination et porter son choix sur le personnage épargné par ces fausses insinuations qui se révélera être le vrai coupable.
Ne reste alors plus qu’à apprécier les efforts de la mise en scène pour alimenter un suspens un brin éventé. Après une première partie qui s’échine à créer une tension sexuelle autour de son héroïne, jolie blonde sans aucun doute destinée à être la prochaine victime, le film s’engage dans une voie plus ambitieuse. Obsédée par les bruits bizarres qui hantent la demeure, Christina croit sombrer dans la folie, tout comme sa mère, internée dans un hôpital psychiatrique. Empruntant les voies les plus fantasques, le récit brave les pires invraisemblances pour parvenir à son unique but : nous faire peur. Le film de Gavin Wilding réserve ainsi quelques efficaces moments d’effroi en ayant recours à de bonnes vieilles ficelles comme la peur du noir. Avec en point d’orgue un final grand-guignolesque, Christina’s house est une réjouissante série B dont la croyance presque naïve au genre qu’elle met en scène en fait le plus grand charme.