Rien, c’est à peu près tout ce qu’il y a à vous raconter, en attendant la première projection de presse, au sujet de ce soixante-neuvième festival de Cannes qu’on annonce pluvieux, ultra sécurisé, et que j’aborde à l’instant au prix d’un voyage de cinq heures et trois minutes et d’une sieste aussi longue quoique interrompue par un bref réveil au niveau de Toulon, employé pour moitié à éplucher le programme du festival et pour l’autre à essayer de savoir quoi penser d’une information telle que celle-là: cette année, en France, on a produit un film en pâte à modeler intitulé « Ma vie de courgette » et scénarisé par Céline Sciamma.

Rien: c’est aussi ce que sont, pour l’instant, les films qui composent la sélection de part et d’autre de cette vie de courgette. Enfin non, ce n’est pas tout à fait vrai, et c’est même l’inverse: ils sont beaucoup de choses au contraire. Tant qu’ils n’ont pas été montrés, chacun dessine tout un monde de possibles, une concrétion d’attentes, de craintes, d’espoirs divers. Mais ils ne sont même pas l’ombre de ce qu’ils seront finalement, au sortir du festival, une fois passés par le blender des projections de presse et des montées des marches, une fois évalués, décortiqués, dûment rangés dans les casiers du goût critique. En attendant, dans le brouillard des pronostics, ils flottent comme des ectoplasmes. L’an dernier au même moment, Dheepan n’était pas encore un film audacieux mais raté de Jacques Audiard, pas encore un honteux brûlot droitier mal-pensant, et surtout, pas encore une Palme d’Or: tout juste un titre énigmatique et le nom d’un cinéaste auquel le festival réserve un rond de serviette depuis plusieurs années. Transformer ce rien en quelque chose, étiqueter les ectoplasmes, c’est ici la tâche des critiques. C’est une tâche sérieuse (mais pas trop), une lourde responsabilité qui donne à l’occasion quelques sueurs froides, comme en témoigne l’échange ci-dessous, tiré de la cuisine interne de Chronic’art, au sujet d’un film très attendu et montré en avance à Paris (un porte-clef Chro offert à qui trouvera de quel film il s’agit).

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Dès demain, nous nous y collons ici-même, avec les mêmes sueurs froides que les autres: impressions, goûts et dégoûts, commencement d’étiquetage. Et aussi, donc: quelques instantanés de cuisine interne. Et enfin, à la demande générale: la saison 2 de notre grand jeu-concours « Qui veut un job chez Chronic’art ? »

Merci de votre fidélité, et à demain.

Jérôme Momcilovic

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