Déflorer -ou pas- ce que cachent les chaussures de Marius de Fréjus, le compère de Brice de Nice, ce n’est pas titiller sur le vrai mini suspens du film. Le vrai mini suspens, d’ailleurs, n’en est pas un. C’est davantage une rengaine : à quoi rêvent les comiques de télé, lorsqu’il s’aventurent sur un écran souvent trop grand pour eux ? Dans le cas de Brice, c’est carrément d’un personnage qu’il s’agit. Créé par Jean Dujardin, il est parait-il culte dans les cours de récré. Soit. Assez belle idée, c’est moins le comédien que le personnage qui s’offre des vacances au cinéma. C’est la promesse des premières minutes du film, les meilleurs : vie et oeuvre de Brice, surfeur mi-teubé, mi-cool from Nice, tout de yellow vêtu, fils spirituel de Patrick Swayze dans Point break, imparable king de la casse (« ça y est, j’t’ai cassé »). Meilleur du film parce qu’il ne s’y passe rien, aucun événement sinon une grosse fête, pas d’aventure, mais la vie de monsieur de Nice comme si vous y étiez. Une seule fois Brice s’adresse à la caméra, bêtement certes (« le matin j’aime bien casser le vent », c’est super), mais au fond il devrait ne faire que ça : prodiguer conseils pour être cool comme lui, divulguer infos sur sa life. Kidnapper le film pour en faire un documentaire sur lui.

Rengaine : les comiques télés, personnages ou comédiens, se plantent quasiment tous au cinéma. Différence de nature entre les deux écrans ? Peut-être. Gros gros problème vis-à-vis de l’idée même d’un récit ? Plus sûrement. Ce qui ne va pas ? Impossible d’éviter une grasse narration qui perd en route le charme plus ou moins effectif de la vedette, noie son éventuelle drôlerie, tue sa singularité. Ailleurs, on a vu les ravages de la comédie d’action, le pire des genres, sur le duo pourtant pas nul du tout d’Eric et Ramzy. Ici, no guns, mais un récit d’initiation où Brice sort de sa bulle, apprend, lui le gosse de riche, ce que c’est que le travail, découvre à Lacanau qu’il n’est pas plus surfer qu’archevêque de Bourg-en-Bresse, revient à Nice attendre sa vague, en attendant sa Bricette. Le meilleur du film était donc sa bande-annonce, que la première partie du métrage relaie assez bien. Ensuite, les péripéties dispersent l’effort de Brice pour amener la caméra sur lui. Personnages secondaires, enjeux dramatiques nains, morale à la noix, on s’ennuie. Quand même, au cours de la pataude aventure, on découvre que les chaussures de Marius Lacaille enferment d’insolites panards en forme de pouces maousses.