Tous deux sortis de l’Université de Tel-Aviv où ils suivaient le même cursus de cinéma, Aharon Keshales et Navot Papushado ont débuté leurs carrières avec une histoire de serial killer, Rabies, avant de se tourner vers le torture movie pour ce Big Bad Wolves qui est leur deuxième long métrage et qui démarre avec un fait divers sordide : le kidnapping et le meurtre d’une fillette, retrouvée décapitée et violée. Autour de cette sanglante affaire viennent se greffer : un flic idiot ; le père de l’enfant, ancien combattant de la guerre du Liban bien décidé à se faire justice lui-même ; un professeur de théologie vite considéré comme le principal suspect. Rapidement enlevé et séquestré au fond d’une cave par le père vengeur, celui-ci restera la seule figure de raison d’un film tout occupé à lui taper dessus, policiers et militaires  se relayant pour malmener le coupable présumé tout en se donnant l’accolade entre deux séances de torture.

Tous aussi brutaux qu’incompétents, ils incarnent la principale idée du film, celle d’une violence implantée comme une mauvaise graine, et transmise de génération en génération – le fils du chef de la police reprend à son compte le discours de son père, tandis que le père du  tortionnaire, d’abord horrifié par les méthodes de son fils, finira par lui confectionner un lance-flamme. Menée jusqu’à son paroxysme, la logique de cet héritage infectieux entraine les protagonistes dans un aveuglement meurtrier qui finira par engloutir la vérité –  la culpabilité avérée ou pas du professeur.

Cette justice distordue qui passe par les ongles arrachés et les doigts brisés, est figurée dans le film par le biais d’un humour noir assez lourdingue, qui se rêve corrosif alors qu’il tient du pur vaudeville (sur les planches défilent une mère juive envahissante, un gâteau fourré aux somnifères…). Comme effrayé par son propre postulat, Big Bad Wolves entreprend alors de se perdre dans des circonvolutions narratives peu heureuses, finissant de faire tiédir le brûlot qu’il avait fait semblant d’annoncer.